"Les Vérités Éternelles", La loi des correspondances

Le thème de la "loi des correspondances" est bien plus vaste que les gens ne peuvent le soupçonner ; cependant, nous connaissons tous quelque chose des correspondances trouvées dans les simples phénomènes naturels — comme les sept couleurs du spectre lumineux, les sept notes de la gamme. Chaque couleur, dans chaque octave, correspond à la même couleur d'un autre octave. Nous ne percevons qu'un nombre limité de taux de vibrations, mais au-dessus de celles que nous captons, il en est d'autres, trop subtiles pour être saisies par nos sens physiques, et en dessous, il en est d'autres encore dont la grossièreté échappe à notre sensibilité. Nous nous situons pour ainsi dire au milieu d’une grande gamme de perceptions, et ne sommes conscients que d’une partie de l’univers dans lequel nous vivons. Il en va de même pour les sons — du do au si ; le do correspond à tous les autres do des sept autres octaves que nous sommes capables d’entendre physiquement ; mais ces sept octaves ne constituent qu’une partie de tous les grands octaves de la nature, au-dessus et en dessous de notre niveau. Dans toute la nature, il existe une correspondance entre le haut et le bas, parce que le grand Centre de Vie, de Conscience et de Perception est le même dans tout être, d'un degré quelconque ; et parce que toute action procède du sein de ce Centre. L’utilisation du pouvoir d’action inhérent à ce Centre est à l’origine de toute manifestation.

Toutes les choses visibles proviennent de l’invisible. L’évolution d’une planète commence à partir de la matière homogène et rayonnante — comme celle qui compose la Voie Lactée — qui est à la base de toutes les formes qui seront émanées ou produites ultérieurement par les êtres qui existent dans cet état d’homogénéité. Chaque être est un Centre, et chaque Centre est identique au Grand Centre Unique. Comme ils procèdent de la même Source, nécessairement, tous les êtres se développent sous les mêmes lois. La même Loi régit tous les êtres. Le pouvoir d’agir et la réaction qu'il entraîne — la loi des lois, connue sous le nom de Karma — est mise en action par tous les êtres, pour produire l’univers manifesté, avec toutes ses formes et substances différenciées. Ainsi, une relation, une correspondance existe entre tous les êtres. Et il y a une correspondance entre les constituants de chaque être et ceux de tous les autres.

La loi qui régit les atomes de notre monde aussi bien que les êtres spirituels les plus élevés qui l'habitent — cette loi inhérente au Centre de tout être procède d'une façon déterminée et ordonnée. On sait que ce processus est divisé en sept degrés, qu'il est de nature septuple depuis les états de matière les plus subtils jusqu'à celui que nous pouvons observer dans notre corps. Non seulement tous les êtres passent par des formes, dans les divers états, mais ils les possèdent actuellement. L'homme possède chacun des corps qui aient pu jamais exister pour lui, dans un stade quelconque de matière. Mais notre planète est l'une des nombreuses planètes. Elle existe dans un système solaire qui est lui-même l'un des nombreux systèmes solaires. Il y a des habitants sur d'autres planètes, certains sont moins avancés que nous dans leur développement, et d'autres, par rapport à nous, sont tellement plus élevés que si nous connaissions leur niveau de progrès, nous les prendrions pour des êtres divins. Tous les êtres de l'ensemble des planètes proviennent du même Centre et progressent sous la même loi de manifestation. Ainsi, il existe une correspondance entre absolument toutes les planètes : certaines correspondances nous relient à Mars, Mercure, Jupiter, Saturne, comme à la Lune ; en fait, il y a des organes de notre corps qui correspondent aux diverses planètes.

À la racine de toutes ces correspondances avec les planètes, les êtres et les états de la matière, et à la base de tous ces points de raccordement entre toutes choses — des plus infinies aux plus grossières — on découvre une SCIENCE immense, quasi illimitée, touchant à toutes les parties de l'univers, à tous les états de matière et à tous les plans de conscience, une science qui nous est accessible à l'intérieur de nous-mêmes, par des efforts auto-induits et auto-déterminés. En effet, la connaissance n'est pas extérieure à nous, elle ne peut exister sans des êtres pour la connaître. Les détenteurs de la plus grande connaissance le sont toujours devenus par l'observation et par l'expérience. Ces Êtres qui nous sont supérieurs et qui nous ont transmis la Théosophie — la science de la vie et l'art de vivre — ont dû, dans un lointain passé, traverser des expériences similaires à celles que nous vivons aujourd'hui. Ici encore, nous découvrons qu'il y a en nous une correspondance avec ces Êtres plus avancés, ainsi qu'avec les êtres moins évolués. Nous devons nous manifester, comme diverses classes d'êtres, situées les unes et les autres sur des plans plus ou moins évolués. Les formes des règnes inférieurs au nôtre sont des incorporations de degrés mineurs de conscience, en progression vers notre état actuel, qu'ils atteindront lorsque nous serons à des niveaux encore plus élevés, suivant la loi de l'évolution. Car l'évolution de la forme est toujours produite par l'élargissement de la conscience de l'être qui l'habite, et notre propre objectif, en tant qu'êtres spirituels reliés à tous les états de matière, consiste à élaborer un instrument de plus en plus perfectionné sur ce plan d'existence, pour qu'il puisse correspondre, ou être perméable à ces états intérieurs et à ces plans supérieurs de la conscience que nous possédons tous en réalité.

Il peut nous sembler étrange que nous possédions quelque chose dont nous ne connaissons rien et qu'il y ait des pouvoirs latents en nous, que nous sommes actuellement incapables de manifester. Mais nous devrions savoir que nous avons le pouvoir d'apprendre. Nous avons la possibilité d'apprendre toutes sortes de sciences, des langues totalement différentes de celles que nous connaissons à présent. Le pouvoir d’apprendre nous est inhérent. Nous ne pourrions apprendre ces choses si elles étaient nouvelles — c’est-à-dire dues à quelque formation naturelle séparée de nous. Il existe un pouvoir que nous avons la faculté d'acquérir sur toute la nature et d'utiliser car, en fait, dans le domaine de la connaissance, il n'y a rien d'utile qui ne puisse s'appliquer pratiquement à l'évolution véritable et à l'avancement de l'humanité. Il y a de ces êtres qui détiennent une certaine connaissance des sciences occultes, des pouvoirs que nous ne possédons pas actuellement mais qui sont latents en nous — la raison de leur latence, ou de leur maîtrise, réside dans le fait que la vie actuelle est le cadre où l'on récolte les effets de ce qui a eu lieu jadis. Comme le jour succède à la nuit, une existence à une autre existence, une planète à une autre et un système solaire à un autre, de même, nous avons parcouru un passé incommensurable pour nous retrouver dans les présentes conditions — conditions, rappelons-le, où l'esprit et la matière se rejoignent et où l'homme peut dépasser tout autre être du système solaire du fait qu'il est en liaison étroite avec les règnes inférieurs et qu'il peut accroître sa connaissance par ses rapports avec ces règnes inférieurs, au point de pouvoir les élever, et utiliser les pouvoirs qui y résident et sont produits par les êtres qui résident sur tous les niveaux. Rappelons-nous aussi que, même sur notre plan physique, il y a d'autres êtres que ceux que nous pouvons voir normalement dans les corps minéraux, végétaux, animaux et humains ; il existe des entités invisibles dans ce que nous appelons l'air, l'éther, l'électricité et le feu — en effet, il y a de la vie partout dans cet univers, pas un pouce d'espace qui soit vide et "mort" où que ce soit.

Quelques infimes que puissent être les formes, visibles ou invisibles, de la vie, elles représentent des Centres de Conscience, des débuts de perception et d’individualisation — qui ne cessent de croître, de forme en forme, jusqu’à celle de l'homme, et au delà, sans fin. Car, en tant qu’êtres humains, nous ne sommes pas des produits terrestres. Notre corps l'est mais, en tant qu’êtres spirituels, nous étions présents avant que cette terre ne fût formée. Nous avons, une fois de plus, descendu les marches des sept mondes, à partir de ce stade originel que constitue le Centre même de l’être, avec en plus tout ce que nous avions déjà acquis auparavant dans d’autres mondes. Nous apportons avec nous tout ce que nous avons récolté jadis, dans des états et plans de substance similaires, et nous continuons avec tous les stades du monde présent, tout comme nous poursuivons de jour en jour le cours de nos diverses activités. On peut donc observer une continuité dans l’ensemble du cursus évolutif. Ce qu'il nous faut apprendre c'est que la connaissance de cette continuité, ordonnée selon la filière des correspondances réelles, ne pourra jamais être acquise par l'étude seule, ni par les informations qui nous sont transmises par un ou plusieurs êtres, quels qu'ils soient.

 

Pour obtenir la véritable connaissance, il faut accroître notre perception de l'universalité de toute loi et de la ligne d'évolution universelle qui régit tous les êtres, à tous les niveaux. Nous devons penser et agir de manière altruiste avant que les pouvoirs plus élevés et plus cachés de l'univers nous soient confiés pour notre usage. Notre pensée, notre motivation doivent se consacrer au bien de tous les êtres. Ce qui nous a été transmis dans la philosophie de la Théosophie a pour but d'éveiller l'attention de ce Centre qui est en nous, et devient capable de voir, de connaître et d’agir lorsqu’il retrouve sa nature et son statut véritables. Il existe en effet une profonde connaissance de toutes ces choses dans l’âme de chaque être humain, et l’âme sait ce dont elle a besoin ; elle peut comprendre quand le cerveau ne le peut pas ; elle peut ressentir ce que les sens sont incapables de transmettre. Cette connaissance est accessible à tout être humain ; mais c'est seulement si le mental que nous possédons actuellement s’accorde parfaitement avec la nature de l’Esprit intérieur que nous serons en mesure de voir, de l’intérieur vers l’extérieur, toutes les gammes de correspondances et de relations qui existent entre nous et les autres êtres. C'est seulement lorsque nous comprendrons que nous sommes une partie de la Grande Chaîne de l'Être, qu’aucun de nous n’est inutile ni ne doit se décourager, que l’évolution vaut pour tous, que nous provenons tous de la même Source et avançons tous vers le même but, c'est seulement ainsi, en pensant et agissant toujours sur cette base, que nous progresserons avec la grande force qui émane du Centre, dans la bonne direction qui conduit à l'illumination et au pouvoir.

La loi des correspondances implique une science qui dépasse peut-être les conceptions de l’un ou l'autre d’entre nous. Sommes-nous capables de comprendre que tous les êtres sont des forces et que toutes les forces proviennent des êtres ? Comprenons-nous qu’il existe des forces et des êtres dans la nature qui peuvent être mis en action sans même lever le petit doigt, uniquement par la pensée, par la volonté d’une personne connaissant la loi des correspondances ? Il est certes heureux que les hommes tels qu’ils sont constitués actuellement, et avec toutes les fausses conceptions qui motivent leurs actes, ne possèdent pas ces pouvoirs qu’ils pourraient utiliser au détriment de leurs semblables ! N’est-il pas vraisemblable que, si nous les possédions, nous en ferions usage pour éliminer bien des humains qui ont des idées contraires aux nôtres ? Et ces gens, tout comme nous, sont dominés par des idées étrangères au véritable progrès de l'ensemble et doivent en conséquence récolter les effets qui correspondent exactement à leur mode de pensée erroné. Sans même le savoir peut-être, nous pouvons mener le combat de l'humanité rien qu'en adoptant une seule idée de la Théosophie — une idée universelle — tournée vers la libération de l’âme, et nous en tenir à cette aide. Mais il nous faut aller bien plus loin encore, car cela ne représente qu’une étape sur le sentier. Nous devons comprendre intérieurement la nature des corps, intérieurs et extérieurs que nous possédons, et les pouvoirs qui leur appartiennent. Nous devons mettre ces pouvoirs supérieurs en action par l’intermédiaire de notre corps physique. Nous devons construire une civilisation plus élevée et plus grande que toutes celles qui ont jamais existé. Que nous y parvenions dans cette vie ou dans dix millions de vies, que nous allions droit au but ou en éprouvant souffrance sur souffrance, c'est pourtant ce qui doit finalement être réalisé.

Notre présence ici vise un but grandiose. Chacun de nous est investi d’une grande mission et une grande connaissance attend de s'exprimer. Nous sommes ici-bas en tant qu’êtres connaissants et soi-conscients, mais nous sommes emprisonnés dans notre corps en nous identifiant à lui, à la matière. Mobilisés par l'ouvrage que nous avions à accomplir sur ce plan de l'être, nous avons oublié notre véritable nature. Il nous incombe de comprendre ce qu'est véritablement cette nature et de penser et agir en conséquence. Rappelons-nous que cette "vraie nature" n'est pas éloignée : elle est là, en nous, dans notre cœur. Dans le silence de notre cœur pulse la Vie Une, dont les battements correspondent au rythme des poumons, au mouvement des marées, aux flux et reflux qui se produisent sans cesse et partout dans la nature. Ne voyons-nous pas que la loi des correspondances est identique aujourd'hui à ce qu'elle était il y a des millions d'années ? Et l'humanité n'a pas changé non plus. Nous avons transformé les conditions qui nous entourent, mais nous-mêmes expérimentons les mêmes désirs, les mêmes sentiments, nous faisons les mêmes bêtises qu'il y a des millions d'années. Spirituellement, nous n'avons pas dépassé les civilisations aujourd'hui mortes et disparues mais, dans ce que nous appelons "le progrès", nous n'avons fait que créer un lien plus étroit avec l'existence physique. C'est pourquoi il nous reste fort à faire.

Nous devons passer de vie en vie pour comprendre finalement notre véritable nature, et nous engager sur la voie préconisée par les Sages de toutes les époques, la voie par laquelle Ils ont acquis Leur sagesse. La Théosophie a été communiquée au monde afin d’éveiller les âmes susceptibles de le faire, même à un moindre degré, pour qu’elles rejoignent le groupe des pèlerins qui cheminent avec les yeux tournés vers les Maîtres de Sagesse, sans se préoccuper de leur condition présente, mais qui se débarrassent de leurs défauts plus ou moins vite, afin de devenir des pionniers, des aides et des guides pour les humanités à venir. Avec leur courage et leur confiance dans les Grands Êtres, ils apprennent progressivement, et en viennent à reprendre possession des pouvoirs que nous possédons tous sans toutefois parvenir à les manifester. Nul ne saurait exprimer avec des mots ce que peut apporter la connaissance spirituelle comme puissance, bonheur, libération de toute forme de peur et réalisation de l'immortalité pour l'homme encore incarné. Cette connaissance et ces pouvoirs sont à la portée de tous. Comme l'ont dit les Anciens : "Le Grand Soi brille dans tous les êtres, mais il ne rayonne pas en tous". Nous pouvons atteindre ce Soi Unique, cet Esprit Unique, source de toute loi, de toute potentialité — capable de produire tout changement, mais lui-même immuable — et qui est à jamais celui qui goûte l'expérience, qui jouit ou qui souffre de ces changements. Le pouvoir provient de cette connaissance qui jaillit spontanément au sein de notre être, parce qu'elle réside au tréfonds de notre nature.