LE MAGNETISME VENUSIEN


"Certaines sculptures paraissent toujours prêtes à sortir de leur immobilité. Et, pour peu, l'on ne s'étonnerait pas de les voir changer de condition"
François Bott, "Les miroirs feraient bien de réfléchir" (Carnets, Ed. Pion)

Le principe de Vénus

A l'opposé de Mercure, sphère de la forme, de l'intellect et du savoir, Vénus est l'univers de la force, des émotions, des instincts et de la créativité.
C'est en Vénus que l'oeil humain habille ses Dieux des atours qui lui sont familiers, qu'il leur attribue un aspect concret et proche des humains, car jusqu'à présent les entités restaient abstraites: "Nous voyons ainsi que tout être céleste conçu par l'esprit de l'homme a pour base une foi naturelle, mais que sur la base de cette force, une image symbolique est construite qui lui correspond et la représente, qui est animée et rendue active par le jeu de cette force elle même. L'image n'est qu'un mode de représentation adopté par l'esprit humain pour ses fins, mais la force qu'elle représente et qui en est l'âme, est une puissance très réelle, en effet, et dans certains cas très puissante. En d'autres termes, bien que la forme apparente des dieux soit due à notre imagination, la force qui lui est associée est à la fois réelle et active.
" Dion Fortune, "La Cabale mystique", Ed. Adyar.

Ces dieux peuvent désormais intervenir plus efficacement. Ils sont perçus comme "extérieurs" tant que nous n'arrivons pas au niveau de guérison solaire; le chamanisme est la pratique la plus perfectionnée pour converser avec ces entités et pour établir un lien entre elles, le corps de la victime et le chaman.
En Vénus, les symboles sont devenus plus concrets: on les incarne dans les objets talismaniques. Le rôle de la danse, des couleurs, de la musique, est également essentiel; toutes ces manifestations contribuent à relier le monde des humains à celui des Entités. Nous connaissons aussi l'importance du sacrifice, qui attire la substance éthérique de la manifestation.

Vénus correspond aux forces de la Nature. Le chaman entre en contact avec ces forces à travers l'esprit des éléments. Il existe toujours une hiérarchie d'Esprits: en Vénus, ce sont des forces pures. Au niveau de la Terre, le visionnaire les perçoit sous forme de gnomes (terre), elfes (air), ondines (eau) et salamandres (feu).
Vénus est un principe de beauté, d'harmonie, de créativité: c'est l'essence même du contact avec notre profondeur. Sur le plan de la transcendance, il se situe entre Mercure et le Soleil. Il confère les qualités de foi et d'élan joyeux dans toute entreprise.

Le chaman

"Ce soir j'agis pour une personne de ma connaissance dont l'âme menace de quitter le corps. Il faut que j'aille arracher cette âme du moins essayer au Démon ou au groupe de Démons qui la retiennent prisonnière. Il faut donc que je descende vers les régions infernales..." Mario Mercier nous raconte comment il se prépare pour le voyage chamanique dont il connaît les dangers: "Les voyages chamaniques, qu'ils soient orientés vers le Bas, le Milieu ou le Haut, exigent une énorme dépense d'influx psychique et physique. " Chamanisme et chamans", opus cité

Puis il prononce des incantations, rassemble ses forces, bat le tambour, chante et sollicite la faveur des Esprits alliés. Progressivement, il entre en transe par les chemins qu'il a déjà empruntés, prêtant son corps à ces forces étranges à travers lesquelles l'imaginaire et l'inimaginable communiquent... « Je fais appel à l'Esprit de mon Serpent protecteur dont les anneaux s'enroulent six fois autour de mon corps. Une lumière fulgurante traverse ma tête de bas en haut... quelque chose de froid et de visqueux me frôle le visage, glisse sur mon cou et se faufile sur ma poitrine... »"

Ainsi débute l'aventure d'un chaman français dans le monde des Esprits. Il n'ignore rien des risques encourus: il sait qu'on n'est jamais très sûr d'en revenir entier. Le chaman est courageux. C'est un guérisseur qui se déplace dans le monde des Esprits et qui va "marchander" avec eux le bénéfice d'une action en faveur d'un malade.
Longtemps ignoré ou méprisé par les populations occidentales, le chamanisme suscite de nos jours un regain d'intérêt chez ceux qui sont chargés d'aider les autres. Il opère avec les dimensions sacrées du corps et de la nature, dont nous comprenons à nouveau l'étroite et vitale imbrication.

."Mais, comment vous, occidental et chrétien, pouvez-vous croire à de tel/es balivernes ?"
."Ma foi, cela m'arrive de demander à Saint Antoine un petit coup de main. Saint Expédit ne m'ignore pas toujours ; quant au chaman, nous avons l'équivalent avec nos exorcistes."
Dialogue banal. Le chaman n'a pas de dogmes, pas d'écritures qu'il serait possible d'interpréter de travers pour pouvoir se livrer à des guerres de religion. C'est un homme de terrain.
Curieux, cet intérêt qu'ont les hommes pour les querelles de chapelle, toujours prêts à jeter l'anathème sur tous ceux qui ne partagent pas les mêmes mots !

Les Dieux, Entités, Esprits et Démons


Les dieux seront strictement les mêmes sur la Terre entière tant que les hommes resteront identiques. On retrouve une configuration unique quel que soit le Panthéon.
A l'Origine, un Dieu unique Laoué, ou Art Toïon Aga, divinité des chamans sibériens, père et chef du Monde source de toute énergie, inconnaissable et ma foi bien éloigné des hommes qui ont à se battre pour survivre.
Puis viennent les dieux ou nos archanges. Eux aussi sont trop occupés par leurs affaires pour se pencher sur la créature humaine; leur terrain de prédilection, ce sont les forces planétaires.
Viennent ensuite, tout en bas de la hiérarchie, les assistants ou Esprits, qui sont beaucoup plus proches des émotions et des désirs des hommes. Ils peuvent les assister ou intercéder en leur faveur auprès des grandes Entités: par leur fonction, ils ressemblent à nos Saints.

Ce modèle hiérarchique admet tous les Panthéons. L'évolution de la conscience planétaire veut qu'à certaines ères, une qualité de force prédomine en tant que force salvatrice. Ainsi, nous avons eu le Christ pour nous faire comprendre que Dieu avait du coeur. Il y eut bien d'autres grands Maîtres1

Le chaman objective le monde imaginaire, sachant que ce n'est que l'envers du miroir de la réalité partagée. C'est un grand psychanalyste qui opère au niveau mental et au niveau de la matière. Les forces malignes de l'âme, du groupe d'âmes, de tout égrégore... sont pour lui des entités. Il n'en oublie pas pour autant que ce sont des manifestations du psychisme. Il ne fait pas un délire paranoïaque quand il va lutter contre un Démon pour récupérer l'âme perdue d'un homme. Ces entités sont tout aussi redoutables que nos maladies psychologiques et physiques puisqu'elles en sont l'esprit: le chaman opère à travers l'esprit de la chose.
S'il fait un voyage, c'est un voyage en esprit; s'il délivre une âme en l'échangeant contre un sacrifice, c'est l'esprit du sacrifice (le prana du sang) qu'il transfère dans ces mondes; s'il lutte contre un Démon, c'est l'esprit de la maladie qu'il a devant lui... mais quel esprit! Leurs forces sont redoutables. Il est donc nécessaire d'être pur et de bien connaître les replis de sa propre psyché pour ne pas se laisser piéger.

Quelle réalité ont ces divinités ? "D'un certain point de vue, toutes ces divinités existent, répondait récemment un Lama tibétain à un visiteur occidental éclairé, mais d'un autre côté, elles n'ont pas de réalité"
"Toutes les Déités représentées ne sont que les symboles des divers phénomènes qui se produisent sur la voie."2

La descente aux Enfers

Comme tout mystique, le chaman acquiert cette maîtrise dans la souffrance. Nous trouverons de troublantes analogies entre les macérations de nos saints et l'initiation du chaman.
Souvent choisi parce qu'il présente une "fragilité", l'apprenti chaman doit être soumis aux épreuves de l'initiation, dans lesquelles il peut laisser la vie. Il descend jusqu'aux Enfers.

Lire "Les grands initiés". d'Edouard Shouré.
"Les héros sont étemels". Joseph Cambell, Ed. Seghers.

En psychanalyse, cet espace infernal de la psyché est appelé "noyau psychotique". La psychanalyse procède comme l'initiation (Freud, à l'origine, demandait une certaine forme d'abstinence). Elle est une initiation, sans la dimension corporelle.

Ce démembrement initiatique, dans lequel le chaman se voit et se sent mis en pièce par des figures effrayantes, est ainsi relaté par Mario Mercier: "II assiste d'abord à la mise en pièce de son corps par les Démons qui lui tranchent la tête, arrachent ses yeux, ses viscères, ses organes vitaux, le débitent en tranches comme un animal de boucherie. " "Chamanisme et chamans", opus. Cité). Les traditions en parlent comme d'une descente dans les Enfers où l'adepte se retrouve face a lui-même sans ses illusions et sans sa pelure narcissique.

A la différence de la psychanalyse, la magie du processus permet à l'apprenti de retirer des forces énergétiques qui seront tout aussi opérantes pour aider l'autre dans le plan de la matière. Les psychanalystes ne comprennent pas la magie parce qu'ils confondent les forces du processus primaire avec les forces acquises par une ascèse et une maîtrise des pulsions (qu'ils confondent avec des processus masochistes). Ils confondent le haut et le bas de l'échelle, ou les deux côtés du miroir. Pensée magique et inconscient sont les réponses toutes faites données aux questions déconcertantes sur les prodiges, comme si la pensée magique, celle-la même que l'on attribue aux malades psychosomatiques, avait des pouvoirs de guérison.

Il semble que, par la physique ou les mathématiques, nous puissions bientôt comprendre la réalité de l'envers du miroir. L'ascèse, quelle qu'elle soit, il existe un type d'ascèse qui consiste à gaver tous les sens à seule fin de pouvoir s'en détacher est la seule solution que l'homme a trouvée jusqu'à présent pour ne plus se laisser gouverner par le monde des sens, des désirs et des besoins reliés aux sens (première Nuit Obscure de l'âme, décrite par Saint Jean de la Croix), afin de s'élever au-dessus des contingences de l'espace-temps de la matière et d'opérer sur d'autres réalités.

Pourquoi ce besoin ? Un ami, journaliste de radio, me fit remarquer un jour que le mystique est un "inadapté". J'ai longuement médité sur cette question, et je crois pouvoir lui répondre aujourd'hui, ainsi qu'à tous ceux qui partagent son opinion, que beaucoup de mystiques ont été de grands Epicuriens, qui ont tout connu des plaisirs de la vie (richesse, renommée, succès auprès des hommes ou des femmes, postes importants...) avant de s'imposer une discipline de fer. Ils ont eu l'intuition -on parle de "l'appel du héros" dans les mythes qu'il existe une autre réalité. Ce n'est donc pas par une quelconque inadaptation, mais bien par intuition d'une dimension différente et tout aussi réelle que le mystique opère sa transformation. C'est un choix de vie.

Par sa magie, le chaman existe aussi bien de l'autre côté du miroir qu'en deçà : dans cette sphère d'un autre niveau, il risque beaucoup. A cheval sur son imaginaire, il envoie sa chair dans l'autre monde, même si, au regard de l'ignorant son corps est là, étendu comme mort. Castaneda nomme "Nagual" ce monde dans lequel opère le chaman. Dans cet univers, il n'a pas intérêt à se laisser maîtriser: c'est lui qui chevauche les Entités !

Il y a des chamans dans le monde entier. Il s'agit d'une pratique universelle puisque naturelle. Elle est si proche de la sorcellerie, que l'on pourrait les confondre. Mais on trouve dans le chamanisme une dimension religieuse et sacrée. Sur le plan humain, c'est une pratique de guérison par le nettoyage de tous les corps: physique, éthérique, astral, spirituel... y compris aussi du corps social qui entoure le malade.

Un Ndoëp près de Dakar

On nous avait demandé d'être à neuf heures du matin au lieu de rendez-vous. En Français bien obéissants, nous y étions à neuf heures et quart. Les minutes, les heures africaines n'ont rien à voir avec celles que nous connaissons en Europe: chez nous, nous "mangeons" les heures pour mieux nous en débarrasser; en Afrique, on s'en délecte... ça prend plus de temps !

Notre petit groupe a attendu dans une petite cour d'environ soixante mètres carrés, en compagnie d'une nombreuse assemblée de frères, de soeurs, de mères, de pères ou d'oncles, d'amis et de villageois venus participer au rituel de guérison de trois jeunes filles.
La veille, nous avions assisté à une partie de ce rituel qui s'était terminée par une transe. A cette occasion, nous avions pu "toucher du doigt" les énormes forces en présence inimaginables si on ne l'expérimente, ne serait-ce qu'un centième de seconde et l'extraordinaire intelligence de Fatou Sek la prêtresse guérisseuse qui dirigeait la cérémonie.

Notre attente prit fin vers midi. Entre temps, des danses au son des tambours avaient rassemblé les participants. Enfin, la colonne s'ébranla à travers le village, précédée par le zébu destiné au sacrifice.
En fait, la cérémonie avait débuté plusieurs jours auparavant. Mais bien des aspects ne nous ont pas été révélés, ce qui était tout à fait naturel. Notre propos n'est pas ici de faire une description ethnographique du rituel, mais une relation plutôt "vénusienne".

Car l'aspect vénusien me sauta aux yeux dès notre arrivée : l'assemblée était resplendissante de couleurs. Les griots (compagnie à la fois sociale et initiatique, qui pourrait correspondre à nos anciens ménestrels) avaient commencé à chercher les rythmes avec leur tambour. Des femmes sortaient de l'assistance -les malades, vêtues de blanc; d'autres, parées de leurs boubous colorés et venaient se placer au centre du cercle, entamant une danse rapide et tournoyante.

A chaque Esprit correspondait un rythme. Une transe éclata sur l'un d'eux. Aussitôt Fatou Seck identifia l'esprit de la maladie qui chevauchait la jeune fille en transe.
Depuis ce voyage, tous ceux qui ont vécu ce rituel comprennent mieux l'importance du tambour, la relation entre le rythme et les caractéristiques de l'Entité qui s'y reconnaît. La musique, en chamanisme, induit non seulement la transe: elle est très codée et sert de langage entre les Esprits et les hommes.
Mais revenons à notre colonne bigarrée qui se dirigeait vers le bord de la mer.

Là, un emplacement semblait avoir été préparé pour accueillir la cérémonie. L'animal fut attaché à un arbre. L'arbre était-il un "axe du monde" comme chez le chaman sibérien ? Probablement.
Les danses qui suivirent étaient accompagnées d'incanta bons auxquelles les assistantes de Fatou Sek prenaient part. Il n'y avait là rien de sacré cependant: on m'y invita, en me recouvrant du boubou traditionnel.
Puis vint le moment du transfert. On coucha le bœuf étrangement consentant sur le côté. Après quoi, les trois Jeunes malades furent invitées à s'asseoir sur lui. Le tout fut ensuite "emballé" sous de multiples épaisseurs de couvertures, qui nous firent craindre pour la santé des malades, car la danse et les incantations reprirent pendant près d'une demi- heure. Il s'agissait de transférer l'entité négative sur l'animal.

Par la suite, l'animal fut conduit au bord de la mer. Là, on le sacrifia en lui tranchant la gorge. Il ne manifesta rien. Par une étrange coïncidence, ma caméra tomba en panne à ce moment précis.
La chair de l'animal fut rapidement découpée. Les restes furent éparpillés sur les rochers qui entourent la petite baie où se terminait la cérémonie. En divers endroits, l'offrande était accompagnée de prières, probablement aux Esprits de l'eau.
Un grand festin à base de riz brisé vint clôturer le rituel autour des malades.

Le Ndoëp concentre toutes les caractéristiques d'un rituel chamanique : l'appel des Esprits, leur identification, les incantations et les prières, le transfert de la maladie sur l'animal, la musique et la danse, le sacrifice enfin.
La fonction du sacrifice caractérise ces niveaux de guérison supérieurs: le mal est d'abord transféré sur l'animal. Il serait possible d'en rester là: nous serions alors dans la sorcellerie, où il y a simple transfert des forces, où l'on ne se pré- occupe pas des lois d'harmonie qui réclament une compensation quelconque. Mais le but du sacrifice est de rendre sacré. L'énergie négative est "invitée" à se sublimer. Elle est alors transformée en énergie positive. Le malade voue un culte à cette énergie, reste en contact avec elle, se retrouve jusque dans ses rêves qui la préviennent de ses besoins. Un petit autel lui est consacré et des offrandes lui sont données. L'ex- malade entretient alors avec cette Entité, qui fut un temps négative pour lui, les rapports les plus cordiaux.

Nous ne connaissons rien des "marchandages" entre la prêtresse et les Entités, comme ils se pratiquent chez le chaman sibérien ou indien. Mais nous savons avec certitude que cette partie du rituel existe.

Une énergie est négative parce que nous ne lui donnons pas l'accès qu'elle réclame à notre conscience. Le chaman sait très bien qu'il est en notre pouvoir d'en inverser l'énergie. Ainsi Oulou Toïon, le "Tout puissant Seigneur de l'Infini", régnant sur des légions d'Esprits mauvais, redoutable grand Dieu noir de l'Ouest, ne cherche pas à faire de mal. Il réside vers l'occident où sont réunis les Dieux bienfaisants.' Les énergies négatives sont toutes ces parties divines de nous-mêmes que nous laissons emmurées dans notre conscience inconsciente; nous ne les voyons qu'en fonction de ce que notre évolution est capable de nous montrer. Ainsi, nous ne percevons souvent notre "Divin Ange gardien" que sous la forme d'entités négatives: maladies, blocages énergétiques, peurs...
Cet Ange gardien est notre conscience du niveau solaire.

La marche sur le feu

L'intérêt de ce rituel réside-t-il vraiment dans la possibilité de vaincre le feu ? La nouvelle idéologie japonaise du cadre dynamique et efficace, à l'épreuve de tout, tendrait à nous faire croire que ce très ancien rituel de purification est une pratique de défi; c'est du moins ainsi que sont présentées certaines sessions de "marche sur le feu". La marche sur le feu est un rituel chamanique qui met l'homme en relation avec l'élément feu et ses pouvoirs de purification. "II n'est pas un défi au feu." insiste Jabrane Sebnat, Soufi et chaman. Ce serait un défi stupide, puisque ce n'est jamais que la partie feu en nous que nous traitons ainsi. Le Maître du feu doit être un initié. Il sait qu'il n'y a pas que le feu réel qui peut brûler et tout dévorer.

Une transmutation psychologique donnée par le feu intérieur, aussi intense, doit être accompagnée par la bienveillance de l'Esprit du feu. Le phénomène physique d'insensibilité peut tout aussi bien opérer si la marche est guidée par un laïc: les états de transe ne sont pas spécifiquement religieux. Néanmoins, l'intérêt de ce travail tel que nous le concevons -réside dans le nettoyage de tous les corps, du physique au spirituel; si la dimension spirituelle est absente, le travail s'en trouve déséquilibré. Il y a alors risque, à un moment ou à un autre, ou bien d'être brûlé réellement ou bien d'être enflammé par le feu de la passion (qui pourrait ressembler à des états maniaques). Malgré sa pratique de plus en plus répandue dans le champ laïc, beaucoup de personnes refusent toujours de croire qu'il est possible de marcher sur le feu. C'est pourtant tout à fait réalisable, en pleine conscience, mais il faut être "préparé" à cet acte. Le champ de braises rougeoyantes (4 mètres de long} devient alors un tapis de velours, tout juste un peu piquant dans le dernier mètre! On peut y repasser plusieurs fois, certaines personnes allant jusqu'à danser.

Si l'on observe attentivement, on remarquera que de petites cloques se forment parfois aux endroits du pied qui correspond aux zones fragiles du corps du sujet. Par exemple, un intestin fragile a sa correspondance au centre de la plante du pied; si une cloque se forme après la marche sur le feu, ce signe est à prendre comme une ouverture permettant au travail de purification de se faire; on recommande alors d'inspirer mentalement le "feu" de cette cloque, puis de le faire monter vers le haut du corps, afin qu'il nettoie davantage encore l'organe fragile sur son passage.

Les transformations psychologiques sont importantes: le fait de marcher sur le feu ancre la mutation amorcée dans la préparation. Il peut y avoir des séminaires de marche sur le feu qui durent une soirée et une journée, d'autres où l'aspect psychologique est travaillé pendant plusieurs jours avant la marche.

Le travail chamanique revient en force en Europe, notamment grâce à la venue de quelques grands chamans d'Amérique du nord.
En France nous sommes plutôt "à la traîne", comme en tout domaine qui demande une souplesse d'adaptation à la nouveauté. Notre mentalité tient trop à ses anciennes structures et ne voit pas le monde évoluer autour d'elle.

En revanche, tout le reste de l'Europe a intégré de nouvelles pratiques dans le monde de la guérison. Ces pratiques chamaniques (citons aussi "sweet Lodge", la retraite dans la grotte, et bien d'autres encore...) ont une action profonde sur la transformation de la personnalité et le nettoyage énergétique. Elles ont été adaptées à la mentalité actuelle par quelques véritables initiés qui ont su faire évoluer les rituels tout en gardant leur rigueur.