LE MAGNETISME MERCURIEN
« En remontant de l'atome à la molécule, de la molécule à l'amas nébuleux, de l'amas nébuleux à la nébuleuse, de la nébuleuse à l'étoile principale, de l'étoile principale au soleil, du soleil à la planète, et de la planète au satellite, on a toute une série de transformations subies par les corps célestes depuis les premiers jours du monde. »
"Jules Verne" (De la Terre à la Lune).
Nous sommes encore, à ce niveau, dans l'espace "astral", l'espace psychique. Par le biais de la Lune et de la sorcellerie, nous avons abordé le fonctionnement pulsionnel; avec Mercure et la magie, nous privilégions l'exigence de la forme. C'est pourquoi on en parle comme de "l'art magique".
Il nous faut insister une fois encore sur le fait que nous par- Ions ici de techniques de guérison, c'est-à-dire de l'utilisation de ces forces à des fins positives: la sorcellerie, rappelons-le, est aussi utilisée à des fins thérapeutiques.
Intéressons-nous maintenant à l'archétype mercurien.
Le principe de Mercure
Mercure (Hermès) est le dieu messager, rapide, aérien, habile, ambigu, rusé. Les principes de son énergie sont en analogie avec le fonctionnement de la partie mentale de la psyché: le petit ordinateur.
Un ordinateur n'a pas de vague à l'âme, il se met tout au plus en panne avec certaines personnes... Mercure est un principe "sec". Avec lui, pas de sentiment: de la rigueur, de la rectitude! Son habileté et son petit côté joueur n'ont rien à voir avec le "laisser aller", ils relèvent au contraire de l'extrême calcul dans l'enchaînement. C'est de l'art.
L'énergie mercurienne n'est pas une énergie qui coule comme celle de Vénus; elle est rapide, sèche, précise, intelligente et cherche avant tout à remplir son objectif. Cet aspect, qui privilégie l'efficacité au sentiment, lui vaut de parrainer les voleurs. On peut supposer que c'est son ambiguïté fondamentale qui nous fait saisir l'énergie tantôt sous la forme d'une particule, tantôt sous un aspect ondulatoire.
Nous comprenons petit à petit que derrière un mythe se cachent des enseignements qui nous donnent à lire les grandes lois macrocosmiques et microcosmiques. Un art implique qu'une inspiration passe par les mystères et les impératifs du ciseau, du pinceau ou de la gamme... afin que les principes d'harmonie et d'intégration soient révélés.
Telle est la symbolique de l'hermaphrodite mercurien, qui intègre la dualité et la sublime en une essence parfaite. Ces exigences de l'art magique par lesquelles passent les élans de l'inspiration, donnent la perfection et l'efficacité du rituel. Mais ce dernier doit également se nourrir des pouvoirs de l'émotion, sous peine de n'avoir aucune force: nous voyons des Eglises désaffectées, par un excès de rigueur, par irrespect de la structure du rituel, ou par excès de miséricorde.
Mercure possède les clés: symboles, rituels et mots du pou- voir. Voilà pourquoi nous associons au principe mercurien les guérisons qui mettent l'accent sur le rituel, plutôt que l'utilisation des forces de la nature, du corps, de l'émotion ou de l'image.
Le guérisseur magicien
Plutôt magicien que sorcier ou chaman, l'homme occidental tend, par son histoire, à privilégier l'aspect magique dans sa pratique de guérison. Autrefois sorcier, mais échaudé par quelques mauvaises expériences, il a sublimé sa pratique et lui a donné ses lettres de noblesse en passant par les textes hermétiques ou la scolastique religieuse: "Au cours de l'histoire de l'Occident chrétien, la sorcellerie a été contaminée par la démonologie: les Européens ont donc été conditionnés, de façon compréhensible mais peut-être injustifiée, à considérer des sorciers comme des incarnations du mal.
" Jean Haab, .L'Alphabet des dieux", Ed. Jean Haab, distribution Dauphin.
Le passage des forces de la Nature vénusienne et lunaire à la rigueur de Mercure, et les égarements négatifs qui ont initié ce changement, font que les connaissances sur l'art magique de la guérison sont : bien totalement dévoilées, parce que présentées sous un autre aspect; nous les reconnaissons dans l'enseignement du catéchisme: on ne sacrifie plus un poulet à la divinité locale, mais on va dans la petite chapelle allumer un cierge à Saint Antoine, Saint Laurent ou Saint Polycarpe.
Nos Saints se sont assis sur les divinités tout comme Notre-Dame de Paris s'est édifiée sur un lieu de culte celtique. "La caractéristique essentielle du paganisme était d'être étroitement relié à la Grande Matrice Cosmique où s'inscrivent, pour prendre forme et consistance, les actes à venir: A ses origines, le christianisme était profondément naturel et s'insérait dans la lignée du Grand courant Traditionnel. Par ses aspects ésotériques, il ne se distinguait pas des autres cultes et notamment de l'Orphisme ou même du Mithraïsme avec lesquels il présentait de singulières analogies "(ibid) ; ou bien totalement hermétiques, comme peut l'être la science d'Hermès, c'est-à-dire inaccessible à celui qui ne perçoit pas l'effort qu'il faut fournir pour en connaître les arcanes.
Cet art se révèle, par les grands textes et par les mythes, à celui qui maîtrise le langage des symboles.
Le guérisseur magicien est par excellence l'alchimiste. Alchimie vient de "Khemia", nom que les Grecs anciens donnaient à l'Egypte Terre noire et de "AI", préfixe désignant Dieu. L'alchimie est donc la "chimie de Dieu", et non l'ancêtre de la chimie des souffleurs, comme on le croit trop souvent.
L'alchimiste provoque la transmutation de la matière en l'accompagnant par le dedans: "II plonge au coeur de la matière comme il pénètre au coeur de son être. Il l'aborde dans sa structure essentielle par-delà les particules et les microparticules atomiques... La matière n'est que de l'Esprit vibrant à un rythme plus lourd. "
L'alchimiste part donc du principe que l'Esprit est enfermé dans la matière d'où l'origine symbolique de l'enchantement que nous retrouvons dans les contes qui sont des textes alchimiques. L'alchimiste estime aussi qu'il est possible d'en libérer la quintessence par deux opérations sur les principes du soufre, du mercure et du sel, répétées jusqu'à satisfaction, et qui sont: la séparation ou "solve" et le rassemblement ou "coagula".
D'où cette fameuse transformation du plomb en or. L'alchimiste prend la conscience alors enfermée dans la matière, lourde comme le plomb de Saturne, et il en suscite la transmutation, parallèlement à la sienne propre, jusqu'au niveau solaire: l'or du Soleil. Au cours de ces opérations, l'alchimiste rectifie et accélère un processus d'évolution naturel, tout comme le magnétisme accélère une évolution. Il "hisse" non seulement l'Esprit (ce que nous voyons dans la méditation), mais aussi l'âme et le corps le principe du corps, le sel au niveau solaire. La transmutation est un changement physique de la matière, de façon concomitante avec l'Esprit.
Comme toutes les voies spirituelles, l'alchimie n'est pas sans danger. Elle mériterait qu'on lui porte aujourd'hui un peu plus d'intérêt, car elle seule renferme des secrets dont l'humanité aurait bien besoin dans sa mutation actuelle.
L'alchimiste provoque des transmutations sur le plan minéral, accélère la pousse des plantes, rétablit la santé et le contact spirituel sur le plan humain. C'est le guérisseur hermétique qui fabrique des élixirs en respectant les principes archétypes.
La Théurgie
La Théurgie possède d'importants rituels de guérison. Elle opère par l'invocation de noms de pouvoir et mobilise d'énormes énergies que le magicien doit savoir maîtriser. Ce qui exige de lui un équilibre et une force extraordinaire, ainsi qu'une certaine clarté de son inconscient...
Les énergies invoquées étant d'un autre niveau que celui de Mercure, nous ne nous attarderons pas sur ce sujet.
Précisons toutefois que toute opération exige de l'opérateur : intelligence, habileté, pureté, maîtrise. Cela vaut surtout pour les opérations qui impliquent une "descente artificielle des forces". L'opération se fait à ses propres risques, car ces forces opèrent comme des forces physiques: si le physicien travaille sur l'atome, il respecte certaines modalités pour sa sauvegarde et le succès de son opération. Il en va de même en Théurgie. Ces lois sont comme le glaive de la Justice du Tarot, elles agissent conformément à leur propre nature. Ce n'est pas une affaire de sentiment. C'est pourquoi cette tradition, fort justement, reste secrète.
La rigueur, la précision, et la "mentalisation" de Mercure sont nécessaires dans tout travail de guérison astrale. Ces aspects prendront plus ou moins le pas sur les aspects lunaires ou vénusiens, que nous allons maintenant examiner.