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LE BIEN ETRE AU QUOTIDIEN

L'ascétisme de Bouddha semble être l'opposé de la vie matérielle. Comment peut-on le comprendre ?

L'ascétisme de Bouddha semble être l'opposé de la vie matérielle. Comment peut-on le comprendre ?

 

 

 « L'exemple de Bouddha a poussé nombre de personnes à devenir des sannyasin qui mendiaient leur repas et vivaient en dehors de la société, des affaires, de la politique. Bouddha lui-même menait une vie ascétique. Cette vie monastique semble à l'autre extrême de la vie matérielle. Cela ne semble pas être la voie du milieu. Comment peut-on le comprendre ? »

 
Vous avez des difficultés à comprendre, parce que vous ne savez pas ce qu'est l'autre pôle de la vie matérielle. Ce qui s'oppose toujours à la vie, c'est la mort. Certains maîtres ont dit que le suicide était la seule voie. Encore maintenant, certains philosophes pensent que la vie est absurde. Si la vie n'a pas de sens, la mort prend un sens. La vie et la mort sont des pôles opposés. L'autre pôle de la vie, c'est la mort. Il faut que vous compreniez bien cela.
Si la mort est le pôle opposé de la vie, elle peut attirer, puis- que le mental passe toujours d'un extrême à l'autre. Et cela arrive. Avez-vous remarqué que les gens qui se suicident sont toujours des gens qui étaient très attachés à la vie ?
Prenons un exemple. Vous êtes très attaché à votre femme ou à votre mari et vous pensez que vous ne pouvez pas vivre sans lui ou sans elle. Puis, votre mari ou votre femme meurt, et vous vous suicidez. Votre mental a basculé vers l'autre pôle. Quand la vie devient une source de frustration ; Il y a deux types de suicide le suicide brut et le suicide graduel. Vous pouvez vous suicider graduellement, en vous retirant de la vie en coupant les amarres les unes après les autres.
A l'époque de Bouddha, il existait des écoles qui prêchaient le suicide, qui enseignaient que le suicide était la seule issue de secours pour sortir de l'absurdité de la vie, de la souffrance. Pour aller au-delà de la souffrance, il fallait se détruire. Cela peut vous sembler une vue extrémiste, mais elle n'est pas dépourvue de sens.
Sigmund Freud, après quarante années de recherches, en est venu à conclure que l'homme, tel qu'il est, ne peut pas être heureux. La façon même dont le mental fonctionne crée la souffrance. Le seul choix que nous avons, c'est de réduire la souffrance. Il faut ajuster sa pensée à la souffrance pour souffrir moins.
Pour les existentialistes Sartre, Camus, entre autres la vie ne peut apporter la félicité. La nature même de la vie, c'est la peur, l'angoisse, la souffrance. La seule chose que l'on puisse faire, c'est d'y faire face bravement. C'est tout. Camus pose la question: « Si telle est la situation, alors, pourquoi pas le suicide ? S'il n'y a aucune possibilité de transcender la vie, pour quoi ne pas la quitter ? »
L'un des personnages de Dostoïevski, dans Les frères Karamazov, dit  je cherche où se trouve votre Dieu pour lui rendre mon billet d'entrée mon billet d'entrée pour la vie. Je n'ai pas demandé à être ici. S'il existe un Dieu, Il ne peut qu'être violent et cruel, parce que, sans rien me demander, il m'a jeté dans la vie. Cela n'a jamais été mon choix. »
A l'époque de Bouddha, l'une des périodes les plus dynamiques, intellectuellement, de l'histoire humaine, vivait Ajit Kesh Kambal. Vous n'en avez peut-être pas entendu parler, mais Ajit prêcha le suicide pendant cinquante ans. Pour lui, c'était la seule voie.
On rapporte que quelqu'un demanda un jour à Ajit : « dans ce cas, comment se fait-il que tu ne te sois pas encore suicidé ? » Ajit répondit, « il faut que j'endure la vie parce que j'ai un message à délivrer au monde. Si je me suicide, qui prêchera ce message ? C'est pour cette seule raison que je suis encore ici. Mais la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. » Voici l'autre extrême de la vie, de ce que l'on appelle la vie.
Bouddha a choisi la voie du milieu. Ce n'est ni la vie ni la mort. Il enseignait à ses disciples à n'être ni attaché à la vie ni offensé par elle, mais à rester au milieu. Ainsi, son enseignement n'est pas une négation de la vie, mais plutôt une négation de la vie et de la mort. On devient un sannyasin lorsque le souci de la vie et de la mort a disparu.
Si vous avez compris que l'autre extrême de la vie, c'est la mort, vous comprendrez aussi que la voie de Bouddha est celle du milieu. Le sannyasin n'est pas opposé à la vie; il possède, au contraire, une conscience équilibrée; il est au milieu.
Si on croit que la vie n'est qu'une longue souffrance, on désire atteindre l'autre extrême. Mais pour les bouddhistes, la vie est souffrance justement parce que vous êtes à l'un des extrêmes. Voici l'idée bouddhiste: la vie est souffrance parce que c'est un extrême. Et la mort est également souffrance, parce que c'est l'autre extrême. La félicité se trouve juste au milieu, la félicité est équilibre.
Le sannyasin est un être équilibré il ne penche ni vers la droite ni vers la gauche. Il est au milieu. Il baigne dans le silence, immobile, dans un état de non-choix.
Alors, ne choisissez pas la mort: choix signifie souffrance. Si vous choisissez la mort, vous choisissez la souffrance. Si vous choisissez la vie, vous choisissez également la souffrance. Parce que ce sont deux extrêmes. Les deux extrêmes d'une même chose. La vie et la mort ne sont pas des entités, ce sont les deux extrêmes d'une seule chose.
Si' vous choisissez l'un, vous êtes obligatoirement opposé à l'autre. Et c'est le choix qui crée la souffrance, parce que, en réalité, la vie et la mort sont intimement liées. Vous ne pouvez pas choisir la vie sans choisir aussi la mort. Votre choix même est la source de vos souffrances. Quand vous choisissez le bonheur, sans le savoir, vous avez aussi choisi le malheur; parce que l'un ne va pas sans l'autre. Si vous choisissez l'amour, vous avez choisi aussi la haine. Parce que la haine est inhérente à l'amour. Elle en fait partie, elle y est cachée. Celui qui choisit l'amour souffrira, parce qu'il haïra aussi.
Ne choisissez pas: restez au milieu. C'est au milieu qu'est la Vérité. A l'autre pôle de la vie, il y a la mort, et l'énergie qui se déplace entre ces deux pôles, c'est la Vérité. Ne choisissez pas, parce qu'en choisissant une chose, vous croyez vous opposer à l'autre. Restez au milieu, soyez dans l'état de non-choix. Et ainsi, dans l'état de non-souffrance.
Soyez, tout simplement. Ce n'est pas facile, cela paraît même impossible mais essayez. A chaque fois que vous vous trouvez devant un choix essayez de rester au milieu. Petit à petit, vous apprendrez à le faire. Et quand vous saurez le faire, quand vous saurez rester au milieu (ce qui est la chose la plus délicate qui soit), rien ne pourra plus vous troubler, rien ne pourra plu" vous faire souffrir.
Mais pour vivre sans souffrance, il faut vivre sans choix, il faut rester au milieu. Et c'est Bouddha qui, pour la première fois, a essayé d'emprunter, le plus consciemment possible, la voie du milieu.
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