ENTRE DEUX  ACCES A UNE AUTRE DIMENSION

 Il est dans la philosophie du yoga une « façon de voir », d'envisager les événements, qui change le vécu même de la situation et qui présente un grand intérêt pour l’accouchement
 II s'agit de ne pas se focaliser sur l'événement, sur la contraction par exemple, mais au contraire, sur le temps de détente qui la précède et qui la suit.
En musique, c'est écouter le silence après chaque note ; en peinture, c'est regarder les espaces autour des objets. Il est facile de constater que l'expérience d'un morceau de  musique ou d'un tableau en est modifiée.
Nous avons commencé à aborder une nouvelle dimension du temps, dans L'Attente Sacrée avec la proposition du yoga de « Vivre l'instant présent »1. La douleur de la contraction diminue si la future mère n’additionne pas les contractions mais en vit une seule à la fois, en mettant l'accent sur la détente qui suit.
Nous pouvons aller plus loin avec l'approche de ce qui est nommé « l'entre-deux » : porte d'accès à une nouvelle dimension qui modifie le registre des perceptions.

  Le silence entre les bruits

 L'habitude veut que notre attention soit attirée par les bruits, jusqu'à en éprouver une tension lorsque cette écoute est trop sensible. Chacun de nos sens est émetteur avant d'être récepteur. Nous sélectionnons d'abord le bruit, que nous entendons ensuite. La meilleure preuve en est l'expérience que nous avons toutes faite, d'être dans un endroit et de ne pas entendre un bruit parce que nous étions concentrées par ailleurs.
Faites l'expérience d'écouter les silences au lieu des bruits et constatez le résultat.
Lorsque vous vous délassez, entraînez-vous à écouter les silences entre tous les petits bruits du quotidien, entre les bruits de tuyauterie, entre les pas dans l'appartement du dessus, entre les voitures au-dehors, les chants d'oiseaux... Nourrissez-vous de ces temps de silence. Observez éventuellement des différences en particulier au niveau de la fatigue. Observez impérativement une progression dans cette pratique: au début consacrez seulement un moment chaque jour, passez à deux puis éventuellement à trois, seulement lorsque vous avez acquis de l'aisance.

Les espaces entre les objets

  Le sens de la vue est aussi émetteur avant d'être récepteur, c'est-à-dire que vous choisissez ce que vous voyez. L'habitude veut que nous posions notre regard sur les objets.
Faites l'expérience de porter votre regard sur les espaces autour des objets et constatez le résultat. Pour observer un arbre, regardez l'espace autour du tronc, entre les branches, entre les feuilles. Intéressez-vo6s au volume de ces espaces, à la façon dont ils mettent en valeur chaque objet. Admirez l'espace du ciel, creusé par l'arbre.
Ne le faites pas trop longtemps au début car c'est un grand changement dans l'utilisation de vos sens.

 La détente qui suit la contraction

 Une fois que vous avez une bonne pratique de la respiration de la vague que vous utiliserez pendant la contraction, entraînez-vous à la relaxation et au lâcher prise.
 Vous pourrez alors envisager l'accouchement non pas comme une succession de contractions mais comme une succession de temps de détente.
 Le plus important devient alors de se relaxer, c'est-à-dire d'agir en vue d'arriver à une qualité de détente de plus en plus grande. L'accouchement se vit ainsi comme une suite de relaxations réussies.
 Arrivée à la maternité, je suis à dilatation complète... Une sage-femme essaie de me piquer pour installer une perfusion, elle me demande de serrer le poing : c'est impossible, j'en ai tout à fait conscience ! J'arrive à peine à plier mes doigts. Quelle surprise ! En fait, je suis complètement molle et détendue. Ainsi la détente, ça marche et c'est même assez puissant. Même s'il ne faut pas rêver: au niveau de l'utérus, c'est plutôt tendu et douloureux. Mais il y a toujours ces courtes périodes de détente absolue, sur lesquelles je concentre toutes mes pensées et mon énergie.

  Faire la détente

 Lors de la pratique de la relaxation du type contraction- détente, le piège est de porter toute son attention sur la contraction plutôt que sur le processus de relâchement. Vivez la relaxation qui suit, en vous intéressant principalement aux sensations de détente qui suivent la contraction.
Allongée sur le sol en chien de fusil ou sur le dos, parcourez votre corps des pieds jusqu'à la tête. Faites de petites contractions des muscles, pour mieux appréhender le relâchement musculaire qui suit, en prenant tout votre temps.
Contractez légèrement les orteils du pied gauche,. Prenez votre temps pour vivre le relâchement progressif des fibres musculaires. Contractez la plante de pied, détendez; le mollet... la cuisse.
Suivez le même processus de l'autre côté avec la jambe droite en sentant les différentes phases de la détente.
  Contraction détente des fessiers, du dos, des épaules, du thorax, de l'abdomen, du périnée.
Contraction détente des doigts de la main gauche, de la paume, de l'avant-bras, du bras de l'épaule, puis du bras droit.
Contraction détente du cou, du menton, des joues, des narines, des yeux, du front, du cuir chevelu.
Savourez la détente qui suit chaque contraction, restez très présente, suivez-en toutes les phases du processus.
Sentez la détente de tout votre corps et appréciez en restant présente plusieurs respirations.
 Cette pratique de la détente qui suit la contraction beaucoup de vigilance: d'une part pour ne pas dans les habitudes qui mettent l'accent sur la plutôt que sur la détente; d'autre part, parce est courant de penser que pour se détendre, il suffit de cesser la contraction du muscle. Or cette pratique vous permet de découvrir qu'il n'est pas suffisant de ne plus contracter le muscle, mais qu'il s'agit de devenir actif dans la détente, de la faire. Le vécu est ainsi complètement transformé.
Pour faire la détente, maintenez votre attention sur la partie du corps que vous relâchez et continuez à relâchez encore et encore... Notez qu'au fil des secondes qui s'écoulent et grâce à votre présence en ce lieu, la détente s'approfondit par strates successives. La relation établie avec la partie du corps est comme un dialogue qui modifie progressivement le lieu et permet ainsi de passer des seuils de détente de plus en plus profonds.