LES PEURS DE L'ACCOUCHEMENT

 

Certaines peuvent éprouver de l'appréhension avant l’accouchement parce que c'est le premier. Elles se posent de nombreuses questions, s'inquiètent. Cette peur n'est souvent basée sur rien de concret: elles ont peur de

L’inconnu, de souffrir; elles se laissent piéger par leur imagination. Elles peuvent aussi avoir peur, parce que mère, sœurs, amies... leur ont raconté des accouchements difficiles. D’autres ont déjà eu des enfants et ont peur parce qu'elles ont mal vécu les naissances précédentes.

 Écoutons différents scénarii de peur :

-Constatation: vous êtes en plein travail d'accouchement, concentrée sur vos respirations, et tout se déroule bien.

-Pensées qui provoquent la peur: tout se passe bien mais un rien vous remet en mémoire tel récit d’accouchement douloureux de l'une ou de l'autre. Vous n’êtes alors plus en prise directe avec votre propre accouchement. Ce souvenir vous coupe de votre réalité, et la peur vous envahit. Ces fameuses douleurs terribles dont on vous parlait, vous les imaginez, elles risquent de bientôt vous envahir. Plus vous y pensez, plus vous entretenez cette peur, qui augmente aussitôt la douleur.

-Constatation: voilà deux heures que vous avez des contractions, votre col est à un centimètre de dilatation. Tout va bien.

-La pensée qui déclenche la peur: « Il reste neuf centimètres pour arriver à dilatation totale. Deux fois neuf égalent dix-huit : il reste donc dix-huit heures de contractions: je ne supporterai jamais! » Cette prévision sans fondement réel vous fait perdre confiance en vous : la peur augmente alors la douleur d'une façon radicale. « Vite une péridurale! »

-Constatation: « Jusqu'à présent, je supporte la douleur » .

-Un souvenir s'immisce dans votre imaginaire : « Ma soeur a cru mourir de douleur! Si cela augmente, je ne supporterai plus. Vite une péridurale! »

-Constatation: Vous êtes à dilatation totale, c'est le moment de l'expulsion.

-Les pensées qui déclenchent la peur: « Maintenant le bébé va arriver: je risque d'être déchirée, d'avoir mal, de ne pas supporter, il paraît que c'est terrible... » La panique arrive, suscitée par ces projections qui n'ont rien à voir avec la réalité !

Que ce soit votre premier bébé ou non, vous pouvez décider de vivre l'expérience par vous-même et de faire fi de tout ce qu'on vous a raconté, de ce què vous avez pu vivre dans le passé. Aucune femme ne connaît à l'avance le déroulement de la naissance, même si elle a déjà accouché plusieurs fois: chaque expérience est unique, et chaque bébé lui aussi est nouveau.

 

L'acceptation

 

Vivre l'événement qui se présente, c'est d'abord accepter d'en faire l'expérience. Cela ne veut pas dire : ne rien faire; il y a souvent confusion. L'accepter, c'est d'abord refuser d'aller dans vos idées préconçues, ne pas vous laisser envahir par votre passé. Vous acceptez et ce faisant, vous restez dans l'instant présent. Vous êtes en communion totale avec ce qui se présente et vous agissez en restant neuve face à la situation. Cette attitude change la nature de l'expérience: la peur fond, disparaît instantanément. Adoptez donc un état de totale ouverture, d'acceptation, qui seul permet de lâcher prise.

De plus, même si vous vous sentez prête pour l'accouchement, cela ne suffit pas. Vous n'êtes responsable que d'une moitié de l'événement. L'autre moitié ne vous appartient pas, elle vous échappe: c'est la naissance, la façon dont ce bébé-ci a décidé de naître. En acceptant que votre bébé joue sa part dans le déroulement de la naissance, vous êtes totalement dans l'expérience, à travers votre corps, mais aussi à travers son histoire à lui.

 

Le retour en soi

 

Dès que vous avez accepté la situation en totalité, c'est- à-dire votre part et la part de votre enfant, le premier pas vers la libération de la peur est de retourner en v6us, dans votre maison intérieure, de vous intérioriser .

Vous n'aurez aucune action si vous restez à l'extérieur,

...

en dehors de vous. Un esprit agité nous entraîne bien loin,

si loin qu'il n'y a plus personne en nous. Imaginez que votre esprit se trouve au bout d'un élastique: retourner en soi, c'est tirer sur l'élastique et ramener son esprit à l'intérieur, dans sa maison, dans son corps, et y rester pour se stabiliser.

Utilisez la respiration pour vous poser en vous et sentez l'apaisement qui s'installe.

 

L'enracinement

 

Après ce premier mouvement de retour en vous, le deuxième mouvement est l'ancrage à la terre: c'est un mouvement descendant dans le corps jusque dans les pieds et au-delà pour s'enraciner1.

Pour vous entraîner à éveiller cette force d'enracinement en vous, asseyez-vous dans une posture confortable, sur une chaise, un coussin ou un petit banc, et faites les respirations de la vague suivantes :

-à l'expiration, balayez votre corps de la tête à votre base et jusque dans la terre ;

-à l'inspiration, remontez de la terre et de votre base jusqu'au sommet de la tête; 

-à chaque expiration, enracinez-vous de plus en plus profondément dans la terre ;

-à chaque inspiration, érigez votre colonne vertébrale ;

-vivez cet enracinement jusqu'à ce que vous sentiez une certaine solidité en vous.

Puis prenez le temps d'apprécier.

 

Le contrôle des pensées

 

 Dès que vous avez installé vos bases, que vous êtes recentrée et enracinée, vous voilà prête à travailler sur la peur.

Lorsque vous avez pris du temps pour comprendre le processus de la peur et que vous l'avez testé sur de petites peurs, la confiance grandit et vous pouvez décider de mettre en place un dispositif pour vous libérer de vos peurs.

Ayant compris que ce sont les pensées parasites qui créent la peur, vous décidez dans un premier temps de les observer. Choisissez des moments de tranquillité, lorsque vous vous reposez par exemple, pour prendre du recul et laisser défiler vos pensées. Observez-les sans discuter ni argumenter.

Ensuite, quand vous aurez repéré votre type de « pensées catastrophes)) personnel, remplacez-les par des pensées positives. Prenons des exemples :

.Vous ne vous sentez pas très bien, soudain.

Pensée négative: « Si ça continue, je vais tomber dans

les pommes! ))

Pensée positive: « Ça va passer, je vais me sentir mieux » .

.Votre époux est en retard.

Pensée négative: « Il a dû avoir un accident de voiture! »

Pensée positive: « Il est en retard, je vais en profiter pour prendre un bain! » ;

.Votre enfant a de la fièvre.

Pensée négative: « Il va avoir des convulsions... » Pensée positive: « Du repos, des câlins, des soins, il n'y a rien de meilleur! »

Dès que vous avez identifié, dans le flot de vos pensées, celles qui sont responsables de vos peurs, vous avez déjà fait la moitié du chemin. Vous pourrez ainsi, quand elles reviendront, les saluer avec humour et les remplacer par un sourire, plus constructif et agréable.

Maintenant, vous pouvez aller plus loin et faire le stop des pensées.

 

Le stop des pensées

 

Dès que vous surprenez le début d'un commentaire catastrophe, faites un stop sur vos pensées. C'est un peu comme le jeu d'enfant: au « stop, », vous vous immobilisez dans l'attitude où vous étiez.

Si vous avez suffisamment pratiqué la phase précédente du contrôle des pensées, vous avez l'habitude de repérer les idées qui déclenchent vos peurs et vous faites un stop dès que l'une d'elles apparaît. Vous ne lui laissez pas le temps de se développer: cela déracine ce type de projections mentales à la base. La peur n'a donc plus de place.

Il s'agit maintenant d'occuper ce nouvel espace par une grande qualité de présence, pour ensuite agir.

 

La présence

 

La solution pour ne pas se laisser envahir par des pensées négatives est de cultiver sa présence.

Si vous n'êtes pas présente avec toute votre conscience pendant l'accouchement, c'est votre inconscient qui prendra le pouvoir et vous ne savez pas ce qu'il peut faire surgir à votre insu. Dès que vous mettez de la conscience, vous pouvez agir. Mais pour agir dans le corps, il faut y être présent. Cultiver sa présence à chaque instant demande un investissement quotidien et de l'entraînement.

Chaque matin, avant d'ouvrir les yeux, venez en vous et restez présentes quelques respirations. Ne pensez à rien : respirez, goûtez un court instant de calme, avant de vous lancer dans votre journée. Cultivez votre présence. Le soir avant de vous endormir, prenez du temps pour vous, simplement pour être là, présence à vous-même.

C'est cette qualité-là de présence que vous avez à installer chaque fois que vous faites le stop sur vos pensées de peur.

 

Passer à l'action

 

La naissance est vraiment un moment extraordinaire, et il est difficile de ne pas être dans l'événement, de ne pas être dans son corps. Cela arrive pourtant: ne vous laissez pas piéger, faites comme la chatte. La chatte qui fait ses petits, elle, n'a pas peur; elle ne réfléchit pas, elle se laisse guider par son instinct, son vital. Vous, qui avez un mental, certes très précieux, ne vous identifiez pas à ce qu'il produit, à ses pensées, sinon vous quittez l'instant présent et vous vous retrouvez dans votre imaginaire, dans la peur.

Si vous êtes au coeur de l'action, de la sensation, la douleur diminue. Vous respirez, vous agissez pour l’apprivoiser. C'est la peur qui amplifie la douleur et qui  la rend Insupportable. Dès que vous êtes dedans, elle se transforme, comme nous le verrons dans le chapitre suivant.

Au moment de l'accouchement, être présente, c'est aller dans votre bassin; agir, c'est y faire des respirations détendre votre périnée, accompagner le passage du bébé...

Pour éliminer la peur, entraînez-vous à stopper les pensées négatives, restez dans l'expérience et agissez. La peur disparaît alors instantanément, car vous êtes dans l’action. Tout le monde a fait l'expérience: quand vous êtes dans l'événement, vous ne réfléchissez pas, vous agissez, vous n'avez pas peur. Par contre, lorsque vous êtes dans votre mental, vous vous coupez de la réalité, la peur arrive et vous perdez vos moyens.

 

SUGGESTIONS POUR LE QUOTIDIEN

 

Décidez un jour de n'avoir peur que pour des réalités bien concrètes (il yen a déjà bien assez) et éliminez tous les soucis que vous crée votre imagination. Votre vie sera transformée.

-Votre enfant est en retard à la sortie de l'école ? Rejetez tout scénario catastrophe (qui ne serait qu'illusions puisque vous n'avez aucune information). Vous pourrez garder la tête froide pour téléphoner à d'autres mères ou à l'école et prendre les bonnes décisions. Vous pourrez tout simplement attendre en gardant votre calme. Vous accueillerez ainsi votre enfant dans la joie et l'écouterez lorsqu'il vous racontera ses aventures et les raisons de son petit retard !

-Chaque fois que vous faites une expérience pour la première fois, soyez dans une attitude d'ouverture et a priori positive. Vous savez combien, dans les sports de compétition! la préparation mentale est importante: il en est de même pour l'accouchement. Alors prenez l'habitude de toujours mettre en place, un état d'esprit positif.