LA DOULEUR: UN CHEMIN INITIATIQUE

 
 « La douleur des contractions, parlons-en », avec plusieurs témoignages qui illustrent la grande variété des vécus de contractions.
Vous disposez déjà de tous les outils qui vous permettent de ne pas subir la douleur, mais d'agir pour l'atténuer :
-la conscience précise du corps (bassin, périnée, dos, cage thoracique, diaphragme...) ;
-la force du ventre et de l'enracinement ;
-l'attitude de témoin ;
-les différentes respirations ;
-les différentes relaxations et moyens de détente ;
-les différents niveaux de conscience où se placer ;
-« sentir plutôt que penser », c'est-à-dire choisir de vivre certaines sensations dans des lieux du corps précis ;
-être active et danser le mouvement de l'infini...
Nous vous proposons ici d'aller plus loin .i de repérer avec précision tout ce qui intervient dans le vécu de la douleur, et d'en comprendre le fonctionnement, d'acquérir ainsi les moyens de la dépasser et enfin d'utiliser cette énergie pour une transformation intérieure.
                                             
 

Les douleurs de l’accouchement

 
L'accouchement peut déclencher de nombreuses sensations douloureuses: douleurs articulaires, ligamentaires, d'étirement des tissus, douleurs musculaires, de la contraction utérine essentiellement.
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Une douleur, qui est donc physique, peut quelquefois se transformer en souffrance si le mental intervient. Mais, en Général, ce sont de simples douleurs que la femme va rencontrer au cours de son accouchement.
La douleur et la souffrance sont très différentes: elles ne se situent pas au même plan. Mettons-nous d'accord sur les termes employés.
 

 

La douleur

 
Même si les mécanismes à l'origine de la douleur sont d’ordre chimique et surtout neurologique, elle est avant tout, une expérience sensorielle.
La douleur est une sensation le plus souvent désagréable, ressentie physiquement, d'intensité variable d'une personne à l'autre pour une même stimulation et différemment, d'un jour à l'autre, pour un même individu.
En général la douleur est un signal d'alarme qui prévient d'une atteinte à l'intégrité de l'organisme et par voie de conséquence, un signal de défense. Elle alerte, fait réagir de façon réflexe, elle invite à agir de manière appropriée. Elle a un rôle positif, car elle est au service de la vie.
Le mécanisme physiologique de la douleur relève néanmoins d'un processus neurologique et chimique: la sensation douloureuse débute par la stimulation de récepteurs spécifiques avec production de médiateurs chimiques. Le message douloureux est alors conduit le long de fibres nerveuses jusqu'au cerveau, par l'intermédiaire d'autres médiateurs chimiques.
Au niveau des réactions automatiques internes, la douleur provoque le déclenchement de phénomènes nerveux du système autonome (orthosympathique et parasympathique) liés à la production de ces substances chimiques. Par exemple, les phénomènes de vasodilatation ou de vasoconstriction sont facilement repérables quand ils se produisent à la surface du corps: la peau devient rouge ou blanche. Ces réactions expliquent que pendant l'accouchement, certaines femmes ont soudain très chaud ou bien se mettent à grelotter.
L'organisme n'est pas passif face à la douleur. Il possède un système naturel de contrôle qui permet de réguler l'effet douloureux. Des substances sont libérées, les endorphines, qui ont la capacité de diminuer l'intensité de l'influx nerveux et donc de calmer la douleur.
 

La souffrance

 
Le mot « souffrance » est d'ordinaire employé d'une manière floue sans qu'on distingue l'aspect physique de l'aspect psychique. Mais un vécu plus conscient permet de les séparer. La souffrance prend naissance dans la tête, dans le mental qui s'agite, s'inquiète, monte des scénarii catastrophes ou recontacte des histoires anciennes. Elle suscite un « mal-être » qui perturbe les fonctionnements profonds de l'organisme.
La souffrance (appelée quelquefois aussi « douleur psychique ou psychologique » ) est un ressenti psychique qui peut se déclencher, en dehors de toute atteinte physique et neurologique.
Toutes les deux, douleur et souffrance, sont bien réelles. Il n'y a aucun doute en ce qui concerne la douleur mais on nie parfois la souffrance sous prétexte qu'elle n'est que psychique et non mesurable. Elle est pourtant tout aussi réelle, et elles ont toutes les deux des conséquences bien palpables. Nous les analyserons seulement da6s le cadre de l'accouchement.
 
 

La souffrance de l'accouchement

 
L'accouchement peut dans quelques cas rares, réveiller une vieille blessure, réactiver ainsi une souffrance ancienne. La souffrance ainsi déclenchée n'est pas liée directement à l'accouchement et à la naissance de cet enfant. Il peut s'agir de traumatismes occultés de sa propre naissance ou vécus in utero ou après: abandon, perte d'enfant, abus sexuels ou viols, problèmes de l'enfance...
La remontée de ces souffrances du passé est si rare que ce sont des cas d'accouchement tout à fait à part. La souffrance soulevée n'a absolument rien à voir avec la simple douleur des contractions. Inutile de se culpabiliser, de se croire douillette. Quand c'est soudain le désarroi, l'incompréhension totale de l'origine de cette souffrance, il devient impératif de demander de l'aide à l'équipe médicale. La péridurale est tout indiquée, bien sûr. S'il n'est vraiment pas possible de tout gérer, alors il vaut mieux choisir d'être calmée, pour trouver du répit et accueillir son enfant. C'est le plus important. Après la naissance, un accompagnement peut être nécessaire pour comprendre ce qui a ressurgi dans l'intensité de l'accouchement.
 
 

L'expérience de la douleur: comment la vivre ?

 
La sensation de douleur de la contraction peut être perçue très diversement selon les femmes: comme une contraction intense, cuisante, qui coupe le souffle, qui « coupe les jambes », comme une crampe, un spasme, une brûlure, des douleurs de règles amplifiées, des coliques...
 
L'analyse des différents facteurs qui composent la douleur donnent des moyens d'action efficaces. Nous vous proposons, dans un premier temps, d'éliminer tout ce qui se surajoute aux sensations de l'accouchement et qui les amplifie, pour n'avoir ensuite qu'à gérer la douleur proprement dite des contractions.
L'intensité de la douleur n'est pas quantifiable, elle est subjective et varie d'une personne à l'autre et en fonction des circonstances.
Bien des éléments sont susceptibles d'agir sur l'intensité de la douleur pendant l'accouchement: examinons-les pour les modifier, voire les supprimer :
 

1. Le contexte culturel: « Tu enfanteras dans la douleur »

 
On entend souvent parler des douleurs terribles de l'accouchement: le célèbre « Tu enfanteras dans la douleur » continue à être véhiculé dans le conscient et l'inconscient de nombreuses femmes! De plus, il est alimenté par toutes celles qui ont eu un accouchement difficile, et qui ont tendance à se précipiter sur les femmes enceintes pour leur raconter des horreurs, histoire de se décharger un peu de leur fardeau !
Dans certaines préparations à la naissance, ne sachant que dire de la douleur des contractions, il a été de bon ton d'employer des périphrases pour éviter de prononcer le mot « douleur ». Les femmes n'étaient pas dupes, bien sûr, mais au lieu de les rassurer, cette attitude n'a fait qu'amplifier leur peur d'avoir mal et a permis à tous les fantasmes d'horreur de se développer. On sait aujourd'hui combien le non-dit a de conséquences, et beaucoup plus graves que le fait de dire les choses tout simplement, ...
 
Quand on n'osait même pas prononcer le mot, les femmes pouvaient s'imaginer que cette douleur était si terrible qu'il valait mieux la cacher. Il est aisé de comprendre que ce comportement face à la douleur l’augmentait et pouvait même pour certaines réveiller la peur de mourir. Peur de mourir qui était bien réelle à une époque lointaine, mais qui n'existe plus aujourd'hui chez nous, grâce aux progrès de l'obstétrique et de l'hygiène. Pourtant cette peur reste présente.
Dans ce contexte, il faut saluer l'avancée qu'a été, après la guerre, la mise en place des premiers cours « d'accouchement sans douleur ». Cette préparation était un premier pas qui, comme le yoga, proposait de ne plus subir une situation mais de la prendre en main et d'agir. Le vécu de la douleur était de ce fait transformé.
Actuellement, on parle de la douleur des contractions dans les préparations à l'accouchement, mais malheureusement uniquement pour promouvoir la péridurale, en ignorant totalement tout autre expérience.
Compte tenu de cette « approche douloureuse » de la naissance, les femmes qui ont vécu un orgasme spontané au moment du passage du bébé osent à peine en parler. Elles ont souvent l'impression de ne pas être comme les autres: c'est le monde à l'envers !
Le fameux « Tu enfanteras dans la douleur » appartient à une époque où l'obstétrique n'existait pas et où l'accouchement était subi dans une ignorance totale. Pour éviter d'imaginer, de fantasmer par ignorance, d'accroître sa peur, qui joue un rôle capital dans la perception de la douleur, il convient d'avoir des connaissances simples et précises du déroulement de l'accouchement: d'anatomie, de physiologie, d'énergétique et de psychologie (dans le sens d'un vécu profond) afin de laisser place progressivement à « Tu enfanteras dans la joie ».
 
Une fois que vous avez réalisé que le « Tu enfanteras dans la douleur » n'a plus cours, vous pourrez vous en libérer en conscience et ne plus vous inscrire dans cette lignée de femmes qui le véhiculent souvent inconsciemment. Soyez vigilante, protégez-vous et ne vous laissez plus agresser par ces récits négatifs, car la contamination se fait ainsi par la parole et le transfert de vécu.
En vous positionnant ainsi, vous permettez aussi aux autres femmes, de prendre leur véritable place et d'assumer leur rôle sacré d'Initiatrices de la vie.
 

2. L'acceptation de la douleur

 
Pour pouvoir envisager une autre approche de l'accouchement, ayons d'abord une bonne connaissance de son déroulement, acceptons d'en faire l'expérience et agissons ensuite.
L'acceptation de la douleur de la contraction commence par l'expérimentation des petites sensations, les douleurs du quotidien. C'est une attitude qui consiste :
1- à ressentir précisément ce qui se passe dans son corps ;
2- à prendre conscience du degré de sensibilité qui s'est spontanément mis en place ;
3- à faire varier ce degré de sensibilité avec l'intention d'y être plus sensible puis moins sensible, comme si o~ se retirait ;
4- à comprendre le message du corps ;
5- à agir.
Entraînez-vous donc avec les petites douleurs du quotidien: ...
-observez-les avec plus de précision, respirez à leur coeur même: la douleur s'atténue en général rapidement ;
-maintenez une présence à son endroit précis, soyez une avec elle, accompagnez-la, suivez son évolution ;
-efforcez-vous de faire varier la place de votre attention: un peu plus en avant, en arrière, au-dessus...
Dénouez régulièrement les tensions dans la zone ;
-faites des circulations d'énergie...
Prenons des exemples :
-j'ai un problème de digestion: je m'allonge, je pose les mains sur l'estomac, je respire dans la douleur.
J’enveloppe mon estomac d'une douce chaleur pour le dénouer. Quel aliment, quelle émotion surtout suis-je en train de refuser ? Je décide de me mettre à la diète ;
-j'ai mal à la tête: je ferme les yeux, j'inspire dans ma tête et j'envoie, à l'expiration, les tensions jusque dans mes pieds, un long moment. Qu'est-ce qui me casse la tête ? Je vais prendre une demi-journée de repos et m'aérer ;
-j'ai des insomnies, des soucis: vite une relaxe au fond de mon lit: contraction détente des muscles à droite, à gauche, plus fort, moins fort... Demain j'irai discuter avec l’intéressé, partager mon ressenti avec lui et chercher une solution ;
-je suis épuisée: une bonne marche, et au lit ! ;
-j'ai une bonne grippe: au lit sous la couette ! Je transpire et élimine bien des toxines: qui ou quel problème mon corps a-t-il pris en grippe ? J'ai besoin d'une coupure, de prendre soin de moi quelques jours à la maison ;
-j'ai mal au genou: je le masse amoureusement avec une bonne huile, matin et soir. Je fais circuler l'énergie en respirant à l'intérieur. Devant qui mon corps ne veut- il pas plier ? Je vais écouter mon genou, et faire une pause dans mes activités... .
Ce ne sont que des exemples pour montrer le passage d'une attitude où l'on subit les situations, à celle qui prend en compte le ressenti. L'attitude active de « prise en mains de sa vie, de sa santé » remplace une passivité lourde de conséquences. On ne dépose pas son corps sur la table d'accouchement comme on peut le faire pour une opération, en attendant tout du corps médical. Il n'y a que la mère qui puisse mettre au monde son enfant: les autres ne sont là que pour l'accompagner, la soutenir. C'est à elle de faire le travail.
Dès qu'une situation est acceptée, toute l'énergie est disponible pour agir.
 
 

3. L'environnement actuel: le refus de toute sensation forte

 
 
Nous sommes à une époque où, dès que la moindre douleur « se pointe », elle est matraquée à grands coups de médicaments. À force d'avoir peur de souffrir, on se coupe de son corps et on est surpris ensuite de ses disfonctionnements. Pour que le corps fonctionne bien, il lui faut une présence, il doit être habité.
Si pour une douleur minime, un mal de tête, une digestion difficile, une bonne fièvre, un éternuement, une douleur au genou, ou une insomnie passagère... vous avez l'habitude de recourir à l'aide extérieure du médicament, vous êtes dépendante et vous demanderez d'office la péridurale en arrivant à la maternité. C'est logique! À moins de vous informer sur d'autres approches, comme le yoga, qui invitent à pénétrer dans la sensation, à l'apprivoiser, à installer un dialogue, à respirer, à observer son évolution et souvent sa dissolution... ,.
Faites l'expérience d'une assise, de dix minutes tous les jours par exemple. ...
En tailleur, sur un coussin ou un petit banc, restez immobile: vous pourrez ainsi observer les sensations intérieures, partout où elles se présentent, jambes, dos...Prenez le temps de les ressentir, de les vivre avec précision. Constatez combien elles se modifient dès que vous en prenez conscience. Elles se dissolvent par moment..., reviennent..., s’intensifient… disparaissent...
Vous ferez peut-être la grande découverte que la conscience que vous portez dans une partie de votre corps, agit et modifie en profondeur partout où elle va.
Puis, de petites sensations en plus grandes, vous, sentirez qu'il n'est pas nécessaire de sauter à l'élastique, de marcher sur des braises... pour avoir des sensations fortes, pour vibrer, en un mot, pour se sentir vivre.
L'intensité n'est souvent pas valorisée dans notre culture. À part pour des « accros de l'intensité à tout crin » qui s'éclatent dans la pratique de l'escalade, du saut à l'élastique..., la norme est de chercher, dans de nombreux domaines, à réduire au maximum l'intensité. Pourquoi les sensations intenses, qui vous décoiffent, seraient-elles à éviter ? La question se pose. Dans les sports de glisse ou de l'extrême, on cherche l'intensité des sensations, et on cultive le dépassement de soi.
Et pour la naissance de son enfant, ce qui est un des moments les plus beaux de la vie, on prendrait des produits pour ne rien ressentir !
La vie nous fournit toute une richesse de perceptions qu'il est intéressant d'explorer; les plus fortes, par les grands mouvements d'énergie intérieure qu'elles entraînent, transforment en profondeur. L'intensité et en même temps l'euphorie créée par les endorphines, font partie intégrante de ce moment exceptionnel.
Le déroulement de l'accouchement est très variable d'une naissance à l'autre. La meilleure préparation est donc d'accepter toutes les éventualités. Il n'y a pas vraiment de meilleur scénario et comme vous n'avez pas le choix, ne perdez pas de temps à fantasmer là-dessus. Entre une naissance ultrarapide et une qui s'éternise, la différence est essentiellement la façon dont vous la vivez.
L'intensité des contractions est très variable, mais en général, elle va en augmentant. Il est donc judicieux de marcher, de prendre un bain, d'écouter de la musique, de faire l'amour... de gérer son temps de façon agréable, tant que c'est possible, et de ne se concentrer sur ses respirations que pour les contractions les plus intenses.
Acceptez de vibrer intensément durant votre accouchement, et peut-être ferez-vous l'expérience non pas de la douleur des contractions mais d'une intensité qui vous amènera dans un état « extra-ordinaire », état qui rejaillira sur votre relation à votre enfant et à votre compagnon.
 
 

4. La connaissance de la cause de la douleur

 
 
Les douleurs de l'accouchement sont essentiellement d’ordre physique. La connaissance précise des différents types de sensations que vous pouvez rencontrer et la capacité à les localiser dans les différentes parties de votre
Corps évite de fantasmer et donc d'amplifier la douleur.
Pendant l'accouchement vous percevrez des sensations :
-dans le ventre, pendant la première phase du travail :
C’est une douleur musculaire, due à la contraction du large muscle qu'est l'utérus ;
-dans la région lombaire, plus rarement: c'est une douleur musculaire également, due à des contractures lombaires, lors d'un accouchement par les reins par exemple, lorsque le bébé est postérieur ;
-dans le bassin: ce sont des douleurs d'étirement extrême des tissus, du col de l'utérus et du vagin, des deux couches des muscles du périnée... lors du passage du bébé ;
-dans le bassin, lors de l'expulsion: c'est une douleur ligamentaire et articulaire due à l'ouverture maximale des articulations pelviennes (symphyse pubienne, sacro- iliaques, sacro coccygienne).
Après avoir répertorié ces sensations différentes au moment de l'accouchement, il vous sera plus facile de les repérer au fur et à mesure qu'elles surviendront, de les accepter, d'en comprendre le fonctionnement pour agir au coeur de la douleur.
En dehors des douleurs de la contraction de l'utérus, vous avez en général, déjà pendant la grossesse, découvert les autres douleurs. Le fait de pouvoir les identifier avec une grande précision, dissout la peur, et vous permet de choisir plus efficacement le remède. Ne vous contentez jamais d'à-peu-près : une douleur lombaire n’a rien à voir avec une douleur des sacro-iliaques...
-Les douleurs articulaires des sacro-iliaques sont soulagées par toutes les postures d'ouverture de l'arrière du bassin, contrairement à la recherche de fermeture pendant la grossesse.
-Les douleurs articulaires de la symphyse pubienne sont peu violentes si vous avez assoupli ces articulations pendant la grossesse, en écartant les ischions. Si c'est quand même encore douloureux, respirez dans l'articulation: à l'expiration, avec l'idée de faire de l'espace à l'intérieur, à l'inspiration, pour l'ouvrir encore plus...
-Les douleurs ligamentaires disparaissent avec le mouvement: les bascules et rotations du bassin, dans toutes les positions qui vous font plaisir, sont très efficaces. Ne vous en privez pas.
-Les douleurs lombaires sont soulagées par les postures de chat et chien, de demi-pont, de massage des lombes, et bien sûr par les massages amoureux du papa !
-Les douleurs de l'accouchement par les reins. La particularité de cet accouchement est que les femmes ne ressentent rien dans le ventre, mais une douleur très vive au niveau des articulations sacro-iliaques. Il ne s'agit pas d'une douleur musculaire: elle est névralgique, due à la compression par l'utérus qui se contracte, d'un petit nerf à l'intérieur de cette articulation.
On rencontre ce type d'accouchement essentiellement dans deux cas: l'innervation particulière du bassin de la mère et la « présentation postérieure » du bébé, le dos contre le dos de sa mère.
Dès que vous constatez cette douleur caractéristique, si les contractions ne sont encore pas trop rapprochées, une pratique de yoga qui ouvre les articulations sacro- iliaques est indispensable. C'est une course contre la
Montre qui commence, car il faut une séance suffisamment longue pour commencer à ressentir un soulagement. Tant que vous pouvez bouger, continuez la pratique des postures d’ouverture du bassin.
Puis, lorsque vous aurez besoin de vous détendre, la position sur le dos est à proscrire, à cause de l'appui du sacrum sur la table qui le bloque. Il faut continuer à ouvrir l’arrière du bassin grâce à la posture de la feuille pliée qui soulage beaucoup, ainsi que toute assise avec le buste penché en avant. En général, les femmes trouvent toutes seules les positions qui les soulagent.
Sont bénéfiques aussi les respirations à l'intérieur du bassin, comme s'il se gonflait d'air, avec visualisation de son ouverture. Vous pourrez les alterner avec les respirations dans les articulations sacro-iliaques.
Un bain chaud ou une douche chaude soulagent énormément. N'hésitez pas à les renouveler lorsque vous êtes chez vous.
Autre possibilité: le massage par le papa de toute cette zone douloureuse. Choisissez la position qui vous convient et appréciez. C'est un soulagement immédiat. Ce massage doit être très vigoureux et appuyé, sur le bas du dos et le sacrum.
Vous pouvez en plus utiliser une huile de massage calmante, à l'arnica par exemple.
 
 

5. La connaissance du processus de la douleur

 
 
La grande douleur de l'accouchement est principalement celle de la contraction utérine. Les fibres musculaires se raccourcissent, l'utérus se durcit et se met en boule pour dilater le col et pousser le bébé vers la sortie.
La grande douleur de l'accouchement est tout simplement une douleur musculaire, intense certes, mais musculaire quand même.
 
Dans les cours de yoga et maternité, les jeunes femmes qui attendent leur premier bébé sont souvent stupéfaites d'apprendre que les fameuses douleurs de l'accouchement sont en réalité de simples douleurs musculaires. Écoutons- les :
 
  
La nature, pour permettre cette grande reuvre qu'est la sortie du bébé, active le fonctionnement de l'utérus d'une manière extraordinaire, intense. Cette intensité est ordinairement interprétée en nous comme douleur: ce n'est qu'une interprétation.
La stimulation ressentie comme douloureuse est transmise par le système nerveux. L'organisme possède un système qui permet de réguler l'effet douloureux. En effet, il libère des endorphines dont l'effet analgésique réduit l'intensité de la douleur. Les endorphines sont à la fois des antidouleurs et des euphorisants.
Or le placenta possède beaucoup d'endorphines, ce qui signifie que l'organisme met en place son propre système antidouleur et euphorisant, dont la mère et l'enfant peuvent bénéficier.
 
L'organisme humain est très perfectionné et a son rôle personnel dans la gestion de la douleur: ayez confiance en ses capacités, car cette réponse naturelle de votre corps ne peut se faire que si vous ne l'entravez pas.
 
 

6. L'état physique: l'influence de la fatigue sur la douleur

 
 
La fatigue joue un rôle prépondérant dans le vécu de la douleur. Préparez-vous donc pour arriver en forme le jour de la naissance.
Pendant l'accouchement, pensez que vous avez Un capital énergétique à gérer. Tout compte, ne gaspillez pas vos forces. Supprimez tout ce qui est inutile.
Préparez, en parlant avec votre compagnon, tout ce qui vous tient à coeur, et lâchez: faites-lui confiance, consacrez- vous à rejoindre votre enfant. À la fin, même parler peut être de trop.
Ne luttez pas, lâchez prise, acceptez cet état très particulier de liquéfaction, comme si votre corps, réduit à l'état liquide, se répandait... Appréciez, acceptez-vous dans
Cet état, n'ayez aucune crainte, c'est un peu comme l'eau qui dort, après la tempête. Cela ressemble à un épuisement extrême, que vous ne connaissiez peut-être pas. Il vous semble que vous ne pourriez même pas bouger un petit doigt.
 
Puis, on vous annonce que vous êtes à dilatation complète : vous ressentez bientôt l'envie de pousser et soudain, vous vous redressez avec une énergie à déplacer les montagnes. Vous êtes surprise de ces réserves insoupçonnées ? Elles font partie du mystère du processus de transformation qui s'opère en vous, nous le verrons ultérieurement
 
 

7. Le mental et l'état d'esprit

 
 
Si nous n'avions pas de mental, chaque contraction serait efficace, elle ouvrirait le col et presserait le bébé vers la sortie. Rien ne s'interposerait entre le fonctionnement du corps et le résultat: la mise au monde du bébé. Le corps déverserait, dès que le signal chimique serait donné, ses doses d'endorphines pour atténuer la douleur.
Le yoga vous aide à rejoindre, à vous rapprocher, pendant l'accouchement, de ce vécu vital. Le corps de la femme n'a rien à apprendre, il sait accoucher. En rétablissant le contact avec son corps, la future mère peut retrouver cette confiance naturelle dans son organisme, l'intelligence de son corps.
La pratique du yoga permet de revenir dans son corps, de l'habiter, de sentir l'énergie vitale, de doser et d'orienter sa sensibilité et de contacter sa confiance naturelle dans les forces de vie. C'est là une base solide au bon déroulement de l'accouchement. .
 
  
Tout le monde sait aujourd'hui qu'une préparation mentale influe sur le résultat, dans les sports, les examens, les rencontres importantes...
Toute préparation à la naissance devrait intégrer cette donnée. Être bien dans sa tête pendant la grossesse favorise l'accouchement. On peut déjà s'y préparer les mois précédents, et y mettre l'accent quelques semaines, quelques jours, avant la naissance.
L'attitude psychologique dans laquelle vous vous trouverez le jour « J » est déterminante. Écoutons deux témoignages à ce sujet :
 
Il est évident que ces deux femmes n'étaient pas du tout dans le même état d'esprit.
La première n'avait pas fait la relation entre le mal de ventre et les contractions: elle a vécu tout son travail tranquillement chez elle, sans s'en apercevoir. Elle est même surprise que le bébé arrive si vite.
La deuxième au contraire, dès la première manifestation de contraction, s'est « mise en travail dans sa tête », bien avant qu'il ne démarre réellement.
La conclusion est qu'une même intensité de travail, peut être très bien vécue par une femme détendue comme dans le premier exemple ou devenir un cauchemar pour une femme anxieuse.
Par contre, avec une bonne préparation d~s son corps et dans sa tête, la future mère du deuxième exemple peut obtenir une nette amélioration du vécu de son accouchement.
 
Que faire pour trouver l'état d'esprit favorable le jour
« J » ? C'est peut-être d'une évidence enfantine, mais comme il n'est pas courant de s'occuper de son état d'esprit, on n'y pense pas assez: autant le préciser.
 
 

8. La gestion du temps

 
 
La durée de l'accouchement joue un grand rôle dans la tolérance à la douleur. Chaque femme a un seuil, qui fait que la contraction supportable à un instant devient intolérable quelques minutes plus tard, pour la même intensité bien sûr.
Pour ne pas atteindre ce seuil, la gestion du mental est capitale. Nous avions déjà, dans l'ouvrage précédent parlé de l'importance de vivre l'instant présent. Le secret, pour pouvoir vivre dans la durée les douleurs des contractions est de ne pas les additionner. À chaque instant, vous vivez l'unique minute de contraction que vous avez à gérer, grâce à vos respirations de la vague. Vous la vivez chaque fois comme la première. Si vos respirations vous permettent d'atténuer la douleur d'une contraction pendant une minute et c'est très facile à vérifier c'est gagné.
Vivez chaque contraction à neuf, comme la toute première.
La qualité de la détente qui suit la contraction est déterminante, elle vous permet « de remettre les compteurs à zéro ». Pensez à être active pour faire la détente, comme nous l'avons vu dans le chapitre sur la relaxation.
 
 

9. La péridurale : réponse à la peur

 
 
En vingt ans d'accompagnement de naissances par le yoga, je n'ai jamais rencontré une femme qui m'ait dit que la douleur pure de la contraction était vraiment insupportable. Les difficultés viennent de tout ce qui se rajoute: la durée de l'accouchement, l'épuisement, des conditions extérieures particulières ou une souffrance soudaine.
Les vécus les plus difficiles sont ceux de femmes submergées de souffrance, pas de douleur. C'est dans ces cas-là que la péridurale peut être une aide précieuse, mais c'est rare.
Depuis quelques années, je demande systématiquement pour quelles raisons les femmes ont demandé la péridurale.
Beaucoup répondent qu'elles la demandent parce qu'elles ont peur de ne pas supporter la suite de l'accouchement et non pas parce qu'elles ont très mal au moment de la décision. En dehors de la souffrance, ce n'est pas la douleur, mais la peur de la douleur qui prime dans la demande de péridurale.
Il y a toutes les autres demandes respectables, mais qui n'entrent pas dans l'étude; les péridurales de confort, les déclenchements avec péridurale.
Certaines se disent très douillettes, pensent ne supporter aucune douleur: elles choisissent la péridurale.
Le choix vient d'elles; elles seront donc en accord avec elles- mêmes. Leur choix est respectable aussi. Encore que la sensibilité à la douleur ne soit pas une fatalité: il n'y a pas les douillettes, qui seraient nées ainsi et les autres qui auraient la chance de ne pas l'être. Nous avons toutes la capacité de faire varier notre sensibilité à la douleur : il suffit de s'y entraîner, nous l'avons vu.
 
Une grande majorité hésite. Elles veulent essayer sans péridurale, et prendre la décision en fonction du déroulement de la naissance. C'est tout aussi respectable, mais attention à ne pas se laisser influencer.
« On a fait beaucoup de progrès à notre époque, vous dit-on : grâce à la péridurale, on ne laisse plus les femmes souffrir! ». Ou bien: « Vous ne voulez pas souffrir: je vous prescris donc la péridurale » ...
Et face à un médecin qui a peur de la douleur, qui est attaché à certaines contingences plus matérielles de rentabilité, vous n'avez guère le choix, surtout si vous n'êtes pas déterminée à la refuser.
or, on sait combien ce « vol de l'accouchement » peut être lourd de conséquences pour la femme elle-même (dépression) et pour sa relation à l'enfant et à son conjoint.
Enfin, il y a celles, plus rares, qui ne veulent pas de péridurale. Au lieu de trouver en face d'elles, de l'aide et du respect, elles doivent souvent se battre.
Il y a encore beaucoup à faire dans l'écoute et le respect du patient.
 
 

10. Cultivez le plaisir

 
 
L'intensité acceptée et accueillie sans appréhension favorise la production des endorphines, qui provoquent le plaisir. Notre culture qui cherche à tourner le dos à la douleur et qui falsifie ainsi le fonctionnement naturel du corps, a aussi bien des problèmes avec le plaisir qui lui semble suspect. Le plaisir, le plaisir dans l'effort, le plaisir dans l'intensité, sont à cultiver... tout comme vous vous entraînez à la respiration! Et là aussi variez, « variez les plaisirs ».
Que pour vous, joie, satisfaction, contentement, sourire, jouissance, amusement, éclat de rire, plénitude, débordement …soient, deviennent des expériences personnellement savourées à leur juste différence.
 
 

La douleur des dernières contractions

 
 
L'alternance de la respiration de la vague, avec ses différentes variantes, pendant les contractions, et des respirations, abdominale, vaginale où de l'utérus, pendant les phases de détente, permet pour la majorité des futures mères de vivre le travail des contractions jusqu'à l'expulsion.
Certaines éprouvent néanmoins le besoin d'une nouvelle technique pour passer le cap des contractions qui précèdent la dilatation complète.
Ces contractions sont de nature différente. Elles sont plus intenses, et surtout accompagnées de sensations nouvelles, d'écartement du bassin en particulier. Mais la sensation qui surprend peut-être le plus est comme un début de poussée vers le bas. Attention: je ne parle pas encore du réflexe de la poussée de l'expulsion, mais d'une contraction qui donne la sensation de « tout défoncer vers le bas ». Ce qui surprend le plus, c'est la force colossale de ces dernières contractions. Elles peuvent réveiller l'angoisse de ne pas « tenir le coup » et d'être emportée par la vague, terrassée. ..Les femmes les ressentent comme plus douloureuses, mais, en fait, c'est la rupture dans le rythme des contractions toutes semblables qu'elles maîtrisaient, qui les surprend, les dérange et les fait sortir de leur concentration, efficace jusque là.
À ce moment, elles ne peuvent plus retrouver l'état antérieur, leurs respirations de la vague. Une possibilité nouvelle se présente alors pour passer ce cap, qui dans le temps est très court.
 
 

La liaison à l'infini

 
 
Si vous avez déjà une pratique de la méditation, vous pouvez pendant ces dernières contractions, vous relier à l'infini et rester dans ce nouvel espace en respirant très finement :
-vous inspirez au sommet du crâne et vous expirez en montant à l'infini au-dessus de la tête ;
-restez à l'infini plusieurs respirations et appréciez l'ambiance; vous pouvez vivre cette communion à l'infini comme une prière qui vous aide à supporter la nouvelle intensité des contractions ;
-puis lorsque vous revenez dans votre corps, vous pratiquez à nouveau la respiration de la vague dans tout l'espace intérieur.
Cette pratique vous permet de quitter votre corps par la pensée et ainsi de mettre de la distance avec la douleur de la contraction. Pendant ce temps, votre corps peut, sans être freiné, continuer et terminer la dilatation du col pour arriver à l'expulsion.
Vous avez aussi à votre disposition deux autres techniques: la technique du stop ou celle du vide.
Lorsque vous repérez la sensation nouvelle des dernières contractions, venez dans la cavité abdominale et visualisez l'utérus qui se met en boule en se contractant.
 
 

Trouver du sens: un chemin initiatique

 
 
Pour accepter la douleur de la contraction, il s'agit de comprendre le sens de ce travail et des transformations intérieures de la mère et du couple.
Les contractions ont pour but d'ouvrir le col de l'utérus et de pousser le bébé vers la sortie, rôle essentiel à un premier niveau.
D'autre part, l'ouverture du corps de la femme, scandée par les contractions, permet l'expérience d'une expansion de conscience, d'une communion avec l'enfant, pendant laquelle un message peut lui être transmis: l'appel à la vie.
 
L'intensité des contractions, leur rythme régulier, permettent de grands et puissants mouvements d'énergie qui bouleversent en profondeur l'état intérieur de la femme et l'aident à changer de niveau de conscience. L'intensité de la naissance est donc une bénédiction: elle permet de passer d'un état ordinaire à un état « extraordinaire » : elle atteint à la dimension d'initiatrice de la Vie.
La femme peut ainsi faire l'expérience d'une dimension beaucoup plus large, qui modifie à jamais son regard sur la vie. Certaines femmes rapportent des récits très semblables à ceux des comas dépassés.
 
 
Néanmoins ne cherchez pas à faire une expérience spécifique, ce serait une erreur. J'ai conscience qu'en lisant ce paragraphe, vous allez être tentée par cette expérience et que vous risquez d'être déçue si ce n'est pas pareil.
Toute naissance est unique parce que vous êtes unique. C'est le sens qu'elle prendra pour vous et votre compagnon qui est le plus important.
 
L'accouchement et la naissance sont des occasions uniques de transformation, de remodelage intérieur : saisissez votre chance au lieu d'avoir peur! Cela suppose un retournement complet de la façon de les aborder.
 
 

SUGGESTIONS POUR LE QUOTIDIEN -

 
Chaque fois qu'une petite douleur se présente, testez vos techniques de yoga :
- d'abord acceptez-la, sinon vous ne pouvez rien faire d'autre que de prendre un antalgique ;
- entrez dans le lieu de la douleur et ressentez avec beaucoup de précision tout ce qui s'y passe : chaleur, picotements, fraîcheur, élancements, pointes d'aiguilles. ..;
-respirez au coeur des sensations, expirez sur la douleur pour détendre ;
- faites la respiration de la vague dans tout le corps pour diluer la douleur. ,