LES DIFFERENTES FORMES DE NEI DAN
Ces tous derniers siècles en Chine, les arts martiaux de style interne ont pris un essor à partir du Tai Ji Quan créé dans la montagne Wu Dang.
A côté de lui, trois autres formes d'art de combat ont connu un succès relatif et sont toujours pratiquées aujourd'hui: Ba Gua Quan, Hsing I Quan, Liu Ho Ba Fa.
Dans cette époque récente de la Chine, et depuis la création du Tai Ji Quan, il est habituel d'opposer arbitrairement les deux courants principaux, l'externe et l'interne. Celui de l'école Shao Lin désigne le Kung Fu externe, Wai Dan; celui de l'école Wu Dang, le Kung Fu interne, Nei Dan.
Cependant, cette habitude de langage ne caractérise pas toujours l'exactitude des faits. D'abord, comme nous l'avons vu, certains adeptes du Shao Lin cultivent le Dan Tian et l'art du transport du Qi. D'autre part, certains adeptes du Nei Dan pratiquent des exercices Wai Dan, ne serait-ce que les « 8 pièces de brocart » très en vogue dans les cours de Tai Ji.
Ces exercices eux-mêmes, « 8 brocart » ou « 12 Yi jin jing » de Boddhidharma, ont été quelque peu modifiés par l'école Wu Dang et sont pratiqués dans un style interne, avec concentration dans le Dan Tian et circulation du souffle pendant les mouvements.
Force est donc de considérer qu'au-delà des oppositions apparentes, rares sont aujourd'hui ceux qui dans la pratique des arts martiaux chinois ne se bornent qù'à un seul style: ceux de l'externe empruntent des techniques de l'interne et vice-versa.
Toutefois les emprunts se font habituellement dans le premier sens, car ceux qui pratiquent le Nei Dan sont conscients de la puissance, et, il faut bien le dire, de la supériorité de ce style, et considèrent le plus souvent qu'il n'est pas nécessaire de pratiquer l'entraînement externe de contractions musculaires, que celles-ci soient violentes ou lentes et prolongées.
Une autre confusion qui peut ressortir en opposant Shao Lin et Wu Dang, serait de considérer que le Nei Dan n'existe que depuis la création du Tai Ji Quan, officiellement datée du 17ème siècle. Or , l'histoire le prouve et nous en avons parlé, les arts martiaux dans leur application Nei Dan remontent très loin dans le temps, au moins au 13ème siècle, dans l'intime mariage entre moines et guerriers, entre spiritualité et défense.
La transposition japonaise de ce fait se retrouve dans l'histoire des
Samouraï. Le Tai Ji Quan lui-même, comme nous allons le voir, aurait une source antérieure à celle de son créateur historique: Chang San Feng.