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Catégorie : QI GONG
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MOUVEMENT ET REPOS DU QI
Mouvement et repos forment une unité dans le cosmos. Le mouvement se détermine relativement au repos, le repos se détermine relativement au mouvement. Il n'y a pas de dualisme dans la pensée chinoise. En observant la nature, les philosophes chinois ont découvert que rien n'y est absolu, que tout y est relatif. Le Qi a des potentialités de repos et des potentialités de mouvement. On parle des potentialités de repos du Qi lorsque le corps est complètement au repos. A l'intérieur d'un corps immobile et détendu il se passe beaucoup de choses. Pendant les exercices de méditation « avec repos corporel » (décrits dans la partie consacrée aux exercices) , le cerveau retrouve en particulier sa fonction de contrôle du « paysage intérieur » (c'est ainsi que la théorie chinoise dénomme la capacité de l'organisme de se défendre contre les maladies) .
Pendant le Qi Gong avec « mouvement corporel » l'esprit est relativement au repos. Autrement dit, dans l'exécution des mouvements il faut se déconnecter de toute pensée étrangère au déplacement du Qi dans les méridiens. Aussi, pendant que le corps est en mouvement, le cerveau accède-t-il également au repos et toutes les activités sont-elles dirigées sur sa fonction de protection de la vie. En méditation que ce soit avec repos corporel ou avec mouvement du corps ce processus est appelé « accès au calme intérieur ». Il n'est pas difficile de bien effectuer les mouvements, mais harmoniser le mouvement et la respiration nécessite bien plus d'entraînement.
Un environnement calme est la condition indispensable à toute méditation. « L'accès au calme intérieur » s'apprend difficilement, surtout dans nos sociétés industrielles. « Les pensées sont comme mille noeuds et dix mille fils » dit un dicton de l'ancienne sagesse chinoise. Elles sont trop inconstantes et nous échappent à l'improviste. Il faut un certain temps de pratique pour arriver à porter toute son attention sur le Qi, sur l'endroit où il se trouve en un instant précis, ou sur le Dantian. Dans les chapitres consacrés aux exercices nous en indiquerons quelques-uns qui y aideront, et qui sont éprouvés par l'usage. Par ces exercices on apprend à ne s'occuper que d'une seule représentation, d'un seul objet. Avant tout exercice de Qi Gong, on recommande un « Gong de repos » (dont la description figure dans la partie technique de cet ouvrage) .Ce dernier « désamorce » les problèmes individuels, trop chargés d'émotions, qui ainsi ne viennent plus perturber la pratique.
Bien que l' « accès au calme intérieur » soit une étape difficile, il ne faut pas se laisser décourager. L'effort en vaut la peine, car la détente parfaite de tout le corps non seulement est indispensable à une circulation du Qi sans entraves mais aide à détendre le cerveau. Même l'attention portée sur un seul objet n'est plus alors tendue, mais détendue. On atteint à la tranquillité qui, ensuite, nous accompagne dans le quotidien. Les émotions trop fortes qui nous le savons peuvent rendre malade, ne se produisent plus.
La connaissance du Qi n'est pas née des expériences d'une seule époque; aux expériences anciennes se sont toujours ajoutées de nouvelles. C'est pourquoi la littérature ne fournit pas toujours des interprétations univoques. Il y a cependant une expérience commune aux pratiquants de toutes les époques, des origines du Qi Gong à nos jours: le Qi, s'il est conduit dans tout le corps, a le pouvoir d'entraîner des modifications biologiques. Est aussi commune à toutes les époques la notion selon laquelle les maladies apparaissent quand l'esprit n'est pas en éveil.
Ce bref regard jeté sur une partie de la science médicale chinoise permet de pratiquer les exercices qui suivent en préservant tout leur contenu. C'est ce contenu d'ailleurs qui les distingue de la simple gymnastique. Les mouvements de Qi Gong, une fois assimilés, se déroulent comme d'eux-mêmes. L'alternance de tension et de détente des articulations et muscles concernés renforce le flux de Qi. Un Qi renforcé ouvre les méridiens obstrués. Le flux est régi par l'esprit, le Shen. Le Qi coule aussi dans le « logis du Shen », le cerveau. On peut donc dire: de même que le Shen prend influence sur le Qi, ainsi le Qi agit sur le Shen dans le cerveau. Tous deux manifestent leur fonction dans le Jing. La grande unité ternaire de l'organisme est donc constituée d'une action en constante alternance entre Shen, Qi et Jing.
L'homme occidental qui pense en termes de catégories mécanistes peut ne pas voir cette connexion. Il demandera que preuve lui en soit faite selon les méthodes scientifiques utilisées jusqu'ici en Occident. Ce qui sera peut-être possible bientôt puisque dans les instituts de recherche en Chine, aux U.S.A. et en d'autres pays, des travaux sont effectués dans ce sens.
Le siècle des Lumières a posé en Europe le fondement de la science et de la technologie occidentales. Celles-ci suivent actuellement une voie triomphante à travers tous les pays de la Terre, y compris la Chine. En revanche, on voit aujourd'hui se développer en Occident l'opinion que l'homme doit payer un prix bien trop élevé l'étroite vision scientifique du monde et aux débordements de la technologie. Assujettir la Terre, cela ne signifie-t-il pas perdre de vue que l'Homme est lui-même Nature, partie de cette Terre ? Dans notre monde industriel l'homme prend de mieux en mieux conscience de cette dégradation et le souhait mûrit en lui de retrouver ce qu'il a perdu. Nous entendons parler de la vieille sagesse chinoise. Nous voudrions apprendre à la connaître, à la comprendre et à l'intégrer dans notre vie. Une voie nous est offerte dans ce sens: la connaissance du Qi et son application au moyen du Qi Gong.