CHAPITRE V
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AMES-GROUPES
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SIGNIFICATION DE CE TERME
D'une façon générale, une Âme-groupe est une collectivité de triades permanentes dans une triple enveloppe d'essence monadique. Cette définition est vraie pour toutes les Âmes-groupes fonctionnant sur le plan physique ; mais elle ne donne aucune idée de leur nature extrêmement complexe, celles-ci se divisant et se subdivisant à l'infini, les contenus de chaque division et de chaque subdivision décroissant en nombre, à mesure que l'évolution progresse, jusqu'à ce qu'enfin une Âme-groupe ne renferme plus qu'une seule triade envers laquelle elle pourra continuer, pendant de nombreuses incarnations encore, à s'acquitter de ses fonctions protectrices et nutritives – bien que techniquement ce titre ne lui soit plus applicable, le "groupe" s'étant séparé en ses parties constituantes. Il y a sept Âmes-groupes à l'oeuvre dans le plan physique avant qu'apparaisse une forme quelconque. Elles s'offrent d'abord sous l'apparence de formes vagues, imprécises, pelliculaires ; il y en, a une [100] dans chaque courant de la seconde Vague de Vie, sur le plan mental ; elle prend une forme plus définie sur le plan astral, davantage encore sur le plan physique. Ces formes flottent sur l'océan de la matière comme des bulles d'air sur la surface d'un lac. Si nous les examinons attentivement, nous voyons trois couches distinctes de matière formant une enveloppe qui renferme en son sein d'innombrables triades. Avant que, la minéralisation n'ait pris place, nous ne voyons naturellement pas la trame dorée de la vie autour de ces triades ; seuls, les brillants fils d'or qui les relient à leur Jivâtmâ sont visibles, rayonnant de cette splendeur étrange, propre à leur plan. La plus intérieure de ces trois couches de matière consiste en essence monadique physique, c'est-à-dire est composée d'atomes du plan physique animés par la vie du Deuxième Logos. À première vue, ces couches intérieures paraissent être toutes semblables dans les sept Âmes-groupes ; mais un examen minutieux nous montre que chaque couche est formée d'atomes d'un seul des sept groupes de matière dont nous avons parlé plus haut. Chaque Âme-groupe diffère donc des autres par sa constitution matérielle, et les triades qu'elle contient appartiennent au même groupe de matière. La deuxième couche de matière de l'enveloppe de l'Âme-groupe est composée d'essence monadique astrale, appartenant au même groupe de matière que la première couche ; la troisième couche est formée d'unités du quatrième sous-plan de matière mentale, du même type toujours. Cette triple enveloppe protège et nourrit les triades qu'elle renferme, véritables embryons encore incapables d'aucune activité indépendante. [101]
Les sept Âmes-groupes se multiplient bientôt, la division marchant de pair avec la multiplication des sous-types différents, à mesure qu'apparaissent les précurseurs immédiats des éléments chimiques, auxquels doivent faire suite ces éléments chimiques eux-mêmes et les minéraux qui en sont composés. Les lois de l'espace, par exemple – abstraction faite de la spécialisation des contenus de l'Âme-groupe, les triades permanentes – peuvent conduire à la division de cette Âme-groupe.
Ainsi, un filon d'or situé en Australie, pourra mener à la minéralisation d'un grand nombre de ces triades dans une seule enveloppe, tandis que la formation d'un autre filon à un endroit très éloigné du premier – les Montagnes Rocheuses par exemple – pourra provoquer la division de l'enveloppe et le transfert, en Amérique, d'une partie de son contenu dans un fragment de cette enveloppe. Mais les causes les plus importantes de ces subdivisions seront expliquées au cours de notre étude. L'Âme-groupe et son contenu se subdivisent par segmentation, comme une cellule ordinaire – une devient deux, deux quatre et ainsi de suite. Toutes les triades ont à passer par le règne minéral, point où la matière atteint sa forme la plus grossière, et où la grande Vague arrive à la limite de sa descente et atteint le point tournant, à partir duquel commence sa marche ascendante. C'est là que doit s'éveiller la conscience physique ; il faut que, dès ce moment, la vie se tourne vers l'extérieur et reconnaisse qu'elle est en contact avec d'autres vies dans le monde extérieur.
L'évolution des êtres, durant ces stades [102] primitifs, dépend d'abord de la vie protectrice du Logos, ensuite de la direction coopérative des Êtres de Splendeur et aussi, dans une certaine mesure, de la pression aveugle que chaque entité exerce elle-même sur les limites de la forme qui la contient. J'ai comparé l'évolution à travers les règnes minéral, végétal et animal à la période prénatale, car la ressemblance est très grande ; De même que les courants de vie venant de la mère nourrissent l'enfant qu'elle porte en son sein, de même l'enveloppe de l'Âme-groupe nourrit les vies qu'elle renferme, recevant et distribuant les expériences récoltées.
La vie active est la vie du père et de la mère ; "les jeunes plantes, les jeunes animaux, les jeunes êtres humains" ne sont pas encore arrivés à un stade assez avancé pour mener une vie indépendante, et doivent tirer de leurs parents la nourriture qui leur est nécessaire. C'est ainsi que dans le règne minéral les vies, à l'état de germes, reçoivent leur nourriture des Âmes-groupes, des enveloppes d'essence monadique dans lesquelles vibre la Vie du Logos. Nous en avons un exemple frappant par ce qui se passe dans le pistil d'une plante : dans ce pistil apparaissent graduellement les ovules, et ces ovules deviennent, avec le temps, de plus en plus indépendants.
Avant d'entrer dans de plus grands détails, nous pouvons jeter un rapide coup d'oeil sur les transformations par lesquelles passe l'Âme-groupe à mesure que son contenu évolue ; cela nous fera mieux comprendre ce qui vient d'être dit. Durant toute l'évolution minérale, on peut dire que les membres constitutifs de l'Âme-groupe sont ceux-là mêmes qui entrent dans la composition de son enveloppe la plus dense, [103] l'enveloppe physique. C'est sur le plan physique que l'Âme-groupe est la plus active. À mesure que ses membres passent dans le règne végétal et y poursuivent leur marche ascendante, l'enveloppe physique disparait peu à peu, comme si elle était absorbée par ces membres qui se séparent du groupe, afin de fortifier leur propre corps éthérique ; l'activité de l'Âme-groupe se trouve alors transférée au plan astral, où elle nourrira les corps astrals de ses triades. À mesure que celles-ci évoluent et passent dans le règne animal, l'enveloppe astrale se trouve absorbée de la même façon, et l'activité de l'Âme-groupe passe au plan mental où elle nourrit les corps mentals encore informes et les façonne graduellement en précisant leurs contours trop vagues. Lorsqu'il ne reste plus dans l'Âme-groupe qu'une seule triade, et que cette triade a été préparée à recevoir la troisième Vague de vie, ce qui reste d'elle se désintègre en matière du troisième sous-plan mental et devient partie constituante du corps causal, formé par la rencontre de la trombe d'eau qui se déverse d'en haut, avec la trombe qui s'élève vers le ciel – pour employer une métaphore qui nous montre que ce qui se passe ressemble assez à la rencontre des deux moitiés, descendante et ascendante, d'une trombe d'eau. L'Égo en voie de réincarnation nait alors à la vie manifestée indépendante ; la protection qui s'étendait sur sa vie prénatale prend fin dès ce moment. [104]
2 — DIVISION DE L'ÂME-GROUPE
C'est sur le plan physique que la conscience devra évoluer jusqu'à la Soi-Conscience ; c'est là qu'elle devra devenir consciente du monde extérieur qui lui envoie ses impacts multiples ; il lui faudra apprendre que les influences subies proviennent du monde qui l'entoure, et elle devra reconnaitre comme siens les changements que lui font subir ces influences. Par des expériences répétées, elle apprendra à s'identifier elle-même avec les sensations de plaisir et de douleur qui résultent de ces influences extérieures, et elle apprendra à reconnaitre que tout ce qui vient frapper sa surface externe n'est pas elle-même. Elle commencera ainsi à distinguer, d'une façon grossière d'abord, le moi et le non-moi ; elle se retirera de plus en plus en elle-même et rejettera ses voiles de matière, les uns après les autres, comme faisant partie du non-moi ; mais bien que les noms changent, la distinction fondamentale entre le sujet et l'objet reste toujours la même. Le moi c'est la volonté, la pensée, la conscience active ; tandis que le non-moi c'est tout ce que le moi désire, tout ce à quoi il pense, sur quoi il agit. Nous aurons à examiner par la suite de quelle façon la conscience devient la Soi-Conscience ; mais pour l'instant nous ne nous occuperons que de son expression dans les formes et le rôle que jouent ces dernières.
Cette conscience s'éveille sur le plan physique et s'exprime par l'atome permanent. C'est dans cet atome qu'elle dort – "elle dort dans le minéral" – et que, son sommeil devenant de plus en plus léger, elle s'éveillera de sa torpeur, [105] dépourvue de rêves, et deviendra suffisamment active pour passer au second stade – "elle rêve dans le végétal". C'est alors que le Deuxième Logos, agissant dans l'enveloppe des Âmes-groupes, donne l'énergie aux atomes physiques permanents et, par l'intermédiaire des Êtres de Splendeur, comme nous l'avons vu plus haut, les plonge au milieu des conditions infiniment variées du règne minéral où chacun d'eux s'attache à des quantités de particules minérales. Nous trouvons là, tout de suite, la possibilité d'un nombre important d'impacts extérieurs, conduisant à une grande variété d'expériences et par la suite amenant des segmentations dans l'Âme-groupe. Un certain nombre d'atomes se trouvent lancés dans les airs par des explosions volcaniques, pour retomber ensuite en torrents de lave brulante ; d'autres sont exposés au froid des régions arctiques ; d'autres à la chaleur des tropiques ; d'autres seront broyés et incorporés au métal en fusion dans les entrailles de la terre ; d'autres encore seront incorporés aux grains de sable que balayent les vagues déferlantes de l'Océan. Des influences extérieures, en variétés infinies, viendront les ébranler, les frapper, les bruler ou les geler, et la conscience, profondément endormie, répondra vaguement par des vibrations sympathiques. Lorsqu'un atome permanent quelconque a atteint un certain degré de responsivité, ou bien lorsqu'une forme minérale – c'est-à-dire les particules auxquelles un atome permanent s'est attaché – est brisée, l'Âme-groupe retire cet atome de la forme qui le contenait et toutes les expériences acquises – c'est-à-dire toutes les vibrations qu'il a ressenties et reproduites – restent sous forme de [106] pouvoirs vibratoires, pouvoirs de vibrer de certaines façons. C'est là le résultat de son existence dans une forme. Ayant perdu son enveloppe et restant pour ainsi dire tout nu, pendant un certain temps, au sein de son Âme-groupe, continuant à répéter les vibrations qu'il a ressenties, afin de repasser en lui-même toutes les expériences de sa vie, l'atome permanent donne naissance à des pulsations qui se propagent à travers l'enveloppe de l'Âme-groupe et atteignent ainsi d'autres atomes permanents ; chaque atome affecte ainsi tous les autres et leur vient en aide, quoique restant toujours lui-même. Les atomes permanents qui ont passé par des expériences identiques seront plus fortement affectés les uns par les autres que s'ils avaient eu des expériences très différentes ; il en résultera une sorte de segmentation dans le sein de l'Âme-Groupe, et bientôt une paroi pelliculaire, formant séparation, se formera de l'enveloppe vers l'intérieur et séparera l'un de l'autre ces groupes différents ; le nombre des Âmes-groupes ira ainsi en augmentant et leurs contenus montreront des différences de conscience de plus en plus accentuées, bien que les caractéristiques fondamentales restent les mêmes pour tous.
Mais dans le règne minéral, les réponses de la conscience aux excitations extérieures sont beaucoup plus appréciables qu'on ne le pense généralement ; certaines de ces réponses sont de nature à montrer que la conscience commence à poindre dans l'atome permanent astral. En effet, les éléments chimiques présentent des attractions mutuelles distinctes ; les relations conjugales de ces éléments se trouvent continuellement désorganisées par l'intrusion de couples [107] dont l'un ou l'autre présente, pour l'un des associés de l'union primitive, une affinité plus grande que son compagnon de la première heure. Ainsi, un couple jusqu'alors fidèlement uni, formant un sel d'argent, montrera tout à coup une infidélité réciproque lorsqu'un autre couple, l'acide chlorhydrique par exemple, viendra, en intrus, pénétrer dans leur paisible ménage ; l'argent se précipitera sur le chlore dont il fera son nouveau conjoint, le préférant au premier, et commencera un nouveau ménage sous forme de chlorure d'argent, laissant l'hydrogène abandonné s'allier au compagnon qu'il vient de quitter. Lorsque ces échanges ont lieu, il se produit toujours un léger mouvement dans l'atome astral, agitation qui résulte des violentes vibrations physiques engendrées par la rupture subite des liens intimes et la formation de nouveaux liens et de vagues tressaillements internes prennent naissance. C'est par le physique que l'astral doit être réveillé, et c'est la conscience du plan physique qui, pendant longtemps, aura la direction dans l'évolution. Cependant, sous l'influence de ces faibles tressaillements, un léger nuage de matière astrale s'étend autour de l'atome astral permanent, mais ce nuage n'a que peu de consistance et semble n'être pas organisé. Il n'y a, selon toute apparence, encore aucune vibration dans l'atome mental à ce stage.
Après des âges d'expérience dans le règne minéral, un certain nombre d'atomes se trouvent prêts à passer dans le règne végétal et sont distribués dans ce monde sous la direction des Êtres de Splendeur. Il ne faut pas s'imaginer que chaque brin d'herbe, chaque plante renferme un atome permanent évoluant vers le stade [108] humain durant la vie du système actuel. Il en va pour le règne végétal comme pour le règne minéral ; le règne végétal constitue le champ d'évolution de ces atomes, et les Êtres de Splendeur les guident à travers les différentes formes afin qu'ils puissent répéter toutes les vibrations affectant le règne végétal, et qu'ils emmagasinent ces pouvoirs vibratoires comme précédemment dans le règne minéral. Le principe des échanges et des divisions qui en résultent agit comme dans le règne minéral, et les Âmes-groupes de chaque courant d'évolution augmentent en nombre, en même temps que leurs caractéristiques deviennent de plus en plus variées.
En l'état actuel de notre savoir, les lois qui président à l'immersion des atomes d'une Âme-groupe dans les règnes de la nature sont à peu près incompréhensibles pour nous. Tout semble indiquer que l'évolution du règne minéral, végétal et de la première moitié du règne animal, appartient plutôt à l'évolution de la terre elle-même qu'à l'évolution des Jivâtmâs représentant les Monades en cours d'évolution dans le Système solaire, et qui viennent, lorsque l'heure a sonné, poursuivre leur propre évolution sur cette terre, en utilisant les conditions qu'elle leur offre. Les herbes et les petites plantes semblent avoir, avec la terre, les mêmes rapports qu'ont les cheveux d'un homme avec son corps, et paraissent n'avoir aucune relation avec les Monades représentées dans notre univers quintuple par les Jivâtmâs. La vie, qui est en elles et qui les maintient en formes, semble être la vie du Deuxième Logos, et la vie qui anime les atomes et les molécules qui composent ces formes, semble être celle du Troisième Logos, [109] appropriée et modifiée par le Logos Planétaire de notre système de chaines, appropriée ensuite et modifiée par l'Esprit de la Terre – une entité qu'enveloppe un mystère profond. Ces règnes constituent en vérité un champ d'évolution pour les Jivâtmâs, mais ne semblent pas être destinés à cet usage seulement. Nous trouvons des atomes permanents répandus à travers tout le règne minéral et végétal ; mais il nous est impossible de comprendre les raisons qui président à cette distribution. On peut trouver un atome permanent dans une perle ; dans un rubis, dans un diamant ; on peut en trouver aussi en grand nombre, distribués parmi les filons de minerai, tandis que d'un autre côté un grand nombre de minéraux semblent n'en contenir aucun ; il en est de même pour les plantes à vie éphémère. Chez les plantes à vie plus longue, les arbres par exemple, on trouve toujours des atomes permanents ; mais, là encore, la vie de l'arbre semble plus intimement liée à l'évolution des Dévas qu'à l'évolution de la conscience à laquelle se rattache l'atome permanent. Il semble plutôt qu'on prenne avantage de l'évolution de la vie et de la conscience dans l'arbre, pour en faire bénéficier l'atome permanent ; cet atome semble vivre là en parasite, profitant de la vie plus hautement évoluée dans laquelle il est plongé. Le fait est que nos connaissances, sur ces points, restent extrêmement fragmentaires.
Au cours de l'accumulation des expériences acquises dans le règne végétal par l'atome physique, l'atome permanent astral montre une activité renforcée, et attire autour de lui la matière astrale que les Êtres de Splendeur disposent d'une façon plus définie. Durant la vie d'un arbre [110] de nos forêts, l'agrégat toujours croissant de matière astrale se développe dans toutes les directions et donne naissance à la force astrale de l'arbre ; la conscience attachée à l'atome permanent participe, dans une certaine mesure, à la conscience de son entourage et, par l'intermédiaire de la forme astrale, reproduit toutes les vibrations qui causent une sensation massive de plaisir ou de douleur, vibrations qui résultent de celles qui ont pris naissance dans l'arbre physique sous l'action du soleil, de l'ouragan, du vent, de la pluie, de la chaleur, du froid. Lorsque l'arbre vient à périr, l'atome astral permanent retourne à son Âme-groupe établie dès lors sur le plan astral, emportant avec lui une riche provision des expériences auxquelles il a pris part comme nous l'avons vu.
À mesure que son pouvoir responsif s'accroit sur le plan astral, la conscience envoie, vers le plan physique, de légers tressaillements qui donnent naissance, à des sensations qui semblent venir du plan physique alors qu'en réalité elles proviennent du plan astral. Après une longue période de vie séparée, comme dans l'arbre, l'unité permanente mentale commence aussi à attirer autour d'elle un léger nuage de matière mentale, sur lequel la répétition régulière des saisons laissera son empreinte, sous forme de mémoire rudimentaire, entrainant avec elle une faible possibilité de prévision 43.
Enfin un certain nombre d'atomes permanents physiques se trouvent prêts à passer dans le règne animal, et c'est encore une fois [111] l'influence des Êtres de Splendeur qui guide leur involution dans les formes animales. Durant les derniers stades d'évolution dans le monde végétal, il semble avoir été de règle que chaque triade – atomes physiques astrals et unités mentales – passe par des expériences prolongées dans une forme unique, afin qu'elle puisse ressentir quelques tressaillements de vie mentale, et se préparer ainsi à tirer profit de la vie errante de l'animal. Mais il semble aussi que dans certains cas ce passage, dans le règne animal, s'opère à une période antérieure, et que les premiers tressaillements du mental prennent naissance dans certaines formes animales fixes, et dans certains organismes d'animaux très inférieurs.
Des conditions semblables, à celles que nous avons décrites dans le règne minéral et végétal, semblent prévaloir dans les types les plus inférieurs d'animaux. Dans les microbes, les amides, les hydres, etc., on voit de temps à autre un atome permanent, mais celui-ci n'est là qu'en simple visiteur, et certainement la vie et la croissance de ces formes ne dépendent aucunement de lui, pas plus que son départ ne saurait les détruire. Par conséquent, dans de tels cas l'atome permanent n'attire autour de lui que des formes passagères jouant le rôle d'hôtes – ne se créant point de corps stables. Il faut noter qu'à ce stade, la trame d'or de la vie ne représente aucunement l'organisation du corps de son hôte ; elle agit simplement comme le feraient des petites racines qui, dans le sol, s'attachent à des parcelles de terre dont elles tirent leur nourriture. Ces atomes permanents ont reçu et emmagasiné, dans le règne animal, des expériences sans [112] nombre avant d'être employés par les Êtres de Splendeur, comme centres autour desquels les formes seront construites.
43 Voir le Pouvoir de la Pensée, du même auteur.
Il va sans dire que dans le règne animal les atomes reçoivent des vibrations beaucoup plus variées que dans les règnes inférieurs, et se différencient par conséquent beaucoup plus vite, car le nombre des triades dans l'Âme-groupe diminue rapidement à mesure que cette différenciation s'opère, et la multiplication des Âmes-groupes a lieu, par là-même, avec une rapidité croissante.
À mesure que la période d'individualisation s'approche, chaque triade séparée entre en possession de son enveloppe particulière qu'elle reçoit de l'Âme-groupe, et passe successivement par un certain nombre de formes comme une entité séparée, bien que restant toujours enfermée dans l'enveloppe protectrice et nourricière d'essence monadique.
Un grand nombre d'animaux supérieurs, à l'état domestique, ont atteint ce stade d'évolution et sont devenus de véritables entités séparées, qui se réincarnent, bien qu'elles ne possèdent pas encore de corps causal, signe caractéristique de ce qu'on appelle l'individualité.
L'enveloppe dérivée de l'Âme-groupe leur tient lieu de corps causal ; mais elle n'est constituée, comme nous l'avons vu plus haut, que par la troisième couche de matière et par conséquent composée de molécules du troisième ordre de matière mentale, celle qui correspond à l'éther le plus grossier du plan physique. Si nous le comparons à la vie embryonnaire, nous trouvons que ce stade correspond aux deux derniers mois de cette vie. Un enfant de sept mois pourra très [113] bien naitre et vivre, mais il sera plus fort, plus vigoureux, mieux portant, s'il profite encore pendant deux mois de la protection et de la nourriture que lui procure la vie de sa mère. Il est préférable, pour son développement normal, que l'Égo ne brise pas trop tôt l'enveloppe de l'Âme-groupe ; il vaut mieux qu'il continue à absorber la vie à travers cette enveloppe et s'en approprie les principes les plus subtils pour fortifier son propre corps mental. Lorsque, protégé ainsi, le corps mental a atteint la limite extrême de sa croissance, l'enveloppe se désintègre en molécules du sous-plan immédiatement supérieur et devient, comme nous l'avons vu plus haut, partie intégrante du corps causal.
C'est la connaissance de ces faits qui a souvent poussé les occultistes à mettre en garde les personnes, aimant beaucoup les animaux, contre une affection exagérée ou témoignée sans discernement. La croissance de l'animal pourrait s'en trouver forcée d'une façon malsaine et sa naissance à l'individualité provoquée avant le temps. S'il veut remplir convenablement sa place dans le monde, l'homme doit chercher à comprendre la nature et à agir selon ses lois ; il devra certainement chercher à en hâter l'action par la coopération de son intelligence, mais jamais au point de rendre la croissance malsaine ou de favoriser le développement d'être chétifs ou venus hors de saison. Il est parfaitement vrai que le Seigneur de Vie recherche la coopération de l'homme pour mener à bien l'oeuvre de l'évolution, mais il faut que cette coopération suive les lignes que sa Sagesse a tracées.